Les grandes puissances du G8 ont promis d'apporter une aide considérable à l'Egypte et la Tunisie affirmant être dorénavant sensibles aux aspirations pour la liberté et l'emploi, en particulier des femmes et de la jeunesse dans le monde arabe. Pas de développement sans démocratie et pas de démocratie sans développement. Le G8 de Deauville (France) a endossé cette exigence lancée par le président américain pour encourager le Printemps arabe et tenir au banc des accusés les régimes arabes réfractaires au changement démocratique. Barack Obama, rappelle-t-on, a tenu un discours sur la politique étrangère des Etats-Unis vis-à-vis du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, le 19 mai à Washington, dans lequel il promet aides financières et soutien aux transitions démocratiques dans ces régions. Les grandes puissances du G8 ont promis d'apporter une aide considérable à l'Egypte et la Tunisie, affirmant être dorénavant sensibles aux aspirations pour la liberté et l'emploi, en particulier des femmes et de la jeunesse dans le monde arabe. Pour commencer, le G8 mettra de l'argent sur la table de Tunis et du Caire fortement représentés à ce sommet par leurs Premiers ministres qui ont chiffré leurs besoins : 10 milliards jusqu'à 2012 pour Le Caire et 25 milliards pour les 5 années à venir pour Tunis. Les deux pays ne sont pas repartis de Deauville avec un chèque en poche, mais ils ont été assurés qu'ils peuvent compter sur de copieuses promesses de dons. Obama, qui avait déjà dévoilé, la semaine dernière, un plan d'aide de plusieurs milliards de dollars, a arraché aux Européens le principe d'un vaste programme de soutien politique et économique aux nouvelles démocraties. La Grande-Bretagne s'est dite prête à débourser 175 millions de dollars. L'hôte du sommet, Nicolas Sarkozy a également annoncé que la France mettra la main à la poche, “une aide considérable”, sans en préciser le montant. L'Union européenne est également mise à contribution. Obama, qui est apparu comme le maître de cérémonie, au grand dam de son homologue français pour qui le sommet de Deauville devait constituer le tremplin pour rebondir au sein de son électorat en prévision de la présidentielle de 2012, a demandé à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement d'offrir aux pays de la rive sud de la Méditerranée une aide identique à celle qu'elle avait apportée aux anciens pays communistes après la chute du mur de Berlin. Le président américain a, pour ainsi dire, définitivement enterré le fameux projet mort-né de Sarkozy sur l'UPM (Union pour la Méditerranée) en excluant de facto les régimes autoritaires et leurs ersatz, ces pouvoirs à façades démocratiques où les libertés sont réduites à des peaux de chagrin et les élections et institutions établies comme procédures pour donner l'illusion d'une démocratie. La compétition américano-française autour de l'exploitation du Printemps arabe se termine donc sur la victoire des Etats-Unis qui a rallié le G8 à sa vision basée sur le financement de la transition démocratique dans le monde arabe et, implicitement, sur l'isolement des gouvernements qui refusent de se plier au diktat des changements auxquels aspirent tous les peuples arabes. Obama a fait procéder au G8 une véritable révolution sémantique qui traduit bien un tournant dans l'approche de questions de pays en retard. Hier, on parlait dans cette enceinte d'aides au développement, de chasse à la pauvreté, de lutte contre le quart monde. Aujourd'hui, il s'agit clairement de financer la promotion de la démocratie, notamment la transition démocratique dans les pays arabes pour éviter que le chaos économique et social ne les replonge dans la dictature que leur jeunesse vient de dynamiter.