Prenant à revers le discours officiel, selon lequel l'Algérie est à l'abri des soubresauts que vivent les pays arabes, il estime, au contraire, que ce qui se passe en Tunisie nous concerne aussi. Le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, était, hier, l'hôte de la daïra d'Iferhounène, où il a animé une conférence-débat avec les militants de son parti. Une rencontre organisée en marge d'une journée commémorative en hommage à l'un des militants du parti et de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (Laddh), en l'occurrence Amrane Oumhand. Entrant directement dans le vif du sujet, le conférencier a abordé le volet politique et social du pays. Pour Tabbou, “il ne faut pas limiter la responsabilité de ce qui se passe dans le pays aux islamistes. Face à l'opinion internationale, nos responsables avaient besoin de justificatifs. Même Nezzar doit être traîné devant les tribunaux pour tout ce que le peuple algérien a subi durant les années de braise”. Pour le premier secrétaire du FFS, le régime algérien a joué sur le temps. “Nos dirigeants ont joué sur le temps, ce qui leur a permis de reconstruire la dictature, mais cela a fini par fatiguer le peuple. Nous avons une mafia plus structurée que la société, une milice plus organisée que les partis politiques”, rappelle Karim Tabbou, sous un tonnerre d'applaudissements. “Nous étions et nous sommes pour un grand Maghreb démocratique et, finalement, ce qui se passe en Libye et en Tunisie nous concerne directement. On veut profiter de la démocratie de la Tunisie et non de son tourisme. L'Algérie veut ouvrir ses frontières avec le Maroc pour empêcher la démocratie en Tunisie.” Pour Tabbou, nos responsables ont l'art et la capacité de mélanger les choses, les rendant incompréhensibles. “Tout est faux, les partis politiques, les syndicats, les élections, tout a été créé pour servir une situation d'anarchie et rendre la situation incompréhensible.” Le premier secrétaire du FFS touchera dans son allocution à une question d'actualité pour le moins brûlante en Kabylie, celle du kidnapping. à ce propos, il n'hésitera pas à dénoncer la complicité de l'état dans la propagation du phénomène et l'existence d'une armée parallèle qui est chargée de préparer les rapts et qui échappe à tout contrôle. “Chez nous, tout le monde est armé, les propriétaires de bars, des gestionnaires de sablières, les milices, et la levée de l'état d'urgence doit commencer par le désarmement de ces personnes, en premier lieu les milices”, ajoute Karim Tabbou.