Grâce aux bons offices du Fatah, Yasser Arafat et Ahmed Qoreï cohabiteront pendant un mois avec un gouvernement d'urgence. Le différend sur la question du ministère de l'intérieur a été provisoirement réglé par la nomination de Hakam Balaoui par intérim, en attendant la fin de cette période transitoire. Yasser Arafat n'est nullement disposé à céder sur la question de la sécurité. Sa détermination a failli provoquer la démission du nouveau chef du gouvernement avant même qu'il ne prenne officiellement ses fonctions. Il a fallu une réunion extraordinaire de la direction du mouvement Fatah, auquel appartiennent les deux hommes, pour que Ahmed Qoreï accepte de diriger un cabinet d'urgence, où le ministère de l'intérieur a été confié par intérim au secrétaire général du cabinet, pour une durée d'un mois seulement en raison de la situation particulière vécue dans les territoires autonomes. La démission de l'ancien président du conseil législatif palestinien, était motivée, rappelons-le, par le refus de Yasser Arafat de désigner le général Nasr Youssef ministre de l'intérieur et placer les services de sécurité sous sa coupe. Ce fait est similaire à celui qui s'est produit lors de la formation du gouvernement de Mahmoud Abbas, lorsque celui-ci avait proposé au même poste le colonel Mohammed Dahlan. Le conflit de pouvoir, qui avait abouti à la démission de Abou Mazen, est loin d'être réglé, bien que des officiels palestiniens aient avancé comme justification du rejet du président de l'autorité palestinienne de procéder à la nomination du général Nasr Youssef le fait que celui-ci a refusé de prêter serment devant lui. Yasser Arafat ne veut en aucun cas se voir dépossédé de ses attributs sur le plan sécuritaire, qui lui permettent de tout contrôler, d'où l'ire des Américains et des Israéliens. Ces derniers n'accepteront en aucun cas que cette situation, qui place le chef de l'OLP en position de force, perdure, car ils ne veulent plus de lui en tant qu'interlocuteur dans les négociations de paix entrant dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route du quartette international. Nonobstant la pression de ces deux inconditionnels alliés contre la cause palestinienne, le cabinet restreint de Ahmed Qoreï a peu de chances de survivre face à l'hégémonie de Arafat, lequel fort de sa grande popularité interne veut être incontournable. Les prérogatives du nouveau premier ministre sont tellement limitées qu'il ne peut rien décider, notamment en ce qui concerne les discussions de paix, sans l'aval de Yasser Arafat. L'on se dirige donc tout droit vers une situation de blocage similaire à celle qu'a connue le gouvernement de Mahmoud Abbas, dont l'issue ne peut être que la démission de Ahmed Qoreï. Et c'est une perte de temps considérable dans la mise en œuvre de la feuille de route, d'où un inévitable retard dans la création d'un Etat palestinien, prévue d'ici 2005. En effet, devant tout ces contretemps, il y a vraiment peu de chances qu'un Etat palestinien voit le jour conformément aux prévisions du document élaboré par le quartette international. C'est Israël qui trouve son compte dans cet embrouillamini palestinien. K. A. Ahmed Qoreï Fin de mission dans un mois ? Le mandat du nouveau chef du gouvernement palestinien sera de courte durée, à en croire les indiscrétions de ses proches. Ainsi, Ahmed Qoreï a affirmé à ces derniers que sa décision de remettre le tablier à la fin de cette période transitoire est irrévocable, car estimant qu'il lui est impossible de mener à bien sa mission. Selon ses proches, il ne possède pas suffisamment de prérogatives pour pouvoir agir à sa guise dans les dossiers sensibles. Il semblerait même qu'il regrette d'avoir accepté le poste de premier ministre. Si Qoreï met à exécution sa menace de démission, Yasser Arafat sera au centre d'une grave crise politique, dont les répercussions sur le processus de paix risquent d'être très importantes. K. A.