Avant même son annonce officielle, les observateurs notent que le gouvernement d'Ahmed Qoreï n'est en fin de compte qu'un rassemblement des hommes fidèles au président de l'autorité palestinienne. De virulentes critiques sont attendues de la part de Washington et de Tel-Aviv. Après avoir fait l'objet d'une campagne de marginalisation très poussée des Américains et des Israéliens, Yasser Arafat rebondit de plus belle à la faveur de la bourde du cabinet Sharon annonçant son bannissement des territoires autonomes. Aujourd'hui, il s'est doté d'un nouveau gouvernement avec des ministres totalement acquis à sa cause. Ahmed Qoreï lui a confectionné une “équipe” à sa mesure. Il ne fallait pas s'attendre à autre chose estiment les analystes de la question palestinienne, en raison de la fidélité à toute épreuve affichée depuis toujours par l'ex-chef du Conseil législatif palestinien (CLP) envers son compagnon de lutte et chef “vénéré”. D'ailleurs, Qoreï consultait quotidiennement Arafat sur l'évolution de ses consultations. Le Fatah détient la part du lion dans ce cabinet avec ses quinze ministres, auxquels reviennent tous les postes stratégiques. Imposé par les Américains, les Israéliens et les égyptiens, le colonel Mohamed Dahlane qui occupait le ministère délégué à la sécurité dans la formation de Mahmoud Abbas n'a pas été reconduit par Ahmed Qoreï. Il y a lieu de remarquer que le ministère de la sécurité a disparu dans l'organigramme élaboré par le nouveau premier ministre palestinien. Ce département a été remplacé par une autre structure dénommée “conseil national de sécurité” au sein duquel cohabiteront Yasser Arafat et Ahmed Qoreï. Ce conseil regroupera l'ensemble des corps de sécurité palestiniens, ce qui facilitera la tâche de contrôle au président de l'autorité palestinienne sur ce secteur névralgique, dont veulent le déposséder Américains et Israéliens. Quant à l'important ministère de l'intérieur, appelé à superviser l'application de la politique sécuritaire, il revient à un vétéran du Fatah en la personne du général Nasser Youssef, autrefois très proche du leader de l'OLP, qui n'a d'autre choix que de se plier aux exigences du président de l'autorité palestinienne. Conscient du poids de Arafat et de sa grande popularité dans les territoires palestiniens, Ahmed Qoreï s'est contenté de former un gouvernement composé de personnalités pouvant contribuer à redorer le blason du patron du Fatah, terni pendant le mandat de son prédécesseur au poste. Ce cabinet aura pour mission essentielle de rompre l'isolement imposé, par les Etats-Unis et Israël, à Yasser Arafat. En attendant sa réaction à la composition du cabinet Qoreï, Ariel Sharon s'attellera demain à examiner avec ses ministres les modifications à apporter au tracé de la ceinture de sécurité, conformément aux accords conclus la semaine précédente avec l'administration Bush, pour obtenir rapidement les fonds nécessaires à la construction du “mur de l'apartheid” comme l'appellent les Palestiniens. K. A.