Présentée, avant-hier soir, à la salle Mustapha-Kateb du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, Al Houma El Meskouna du Théâtre régional de Mascara, concourt dans la compétition de la sixième édition du Festival national du théâtre professionnel d'Alger. La pièce raconte l'histoire de Bahous Balaê, un commerçant qui décide de se lancer dans la politique. Analphabète et inculte, il décide d'engager El-Hayel Bousmaha (un vétérinaire qui n'exerce plus) comme directeur de campagne. El-Hayel n'a aucune expérience dans le domaine de la politique, mais accepte à contrecœur d'aider Bahous, qui est en quelque sorte son bienfaiteur. Le jeune vétérinaire engage à son tour, Maha Kheldouni, une experte en marketing politique. Maha et El Hayel peinent avec Bahous et son gendre, Metâakel Bouaâza, qui comble son manque de civisme par un grand sens de l'humour (enfin, ce que l'on a réussi à capter puisque la plupart de ses phrases étaient incompréhensibles). Mise en scène par Mohamed Frimahdi, la pièce traite d'un sujet à la fois politique et social parce qu'elle réfléchit sur le pouvoir mais d'un point de vue humain. Le metteur en scène a bien commencé, en faisant de jolies propositions, en travaillant notamment sur deux niveaux discursifs : un niveau où l'histoire des personnages était mise en valeur, puis un second niveau réservé au discours politique avec différentes variations dans le jeu (interrogatoire, allocution…). Toujours dans la première partie, les choix du metteur en scène étaient justifiés (lumière, déplacements en lignes diagonales, rapport au monde extérieur dans le huis clos du salon d'un appartement), puis tout s'est relâché. L'histoire d'amour entre Maha et El-Hayel sonnait superflue et n'avait aucune portée dramatique. Des carrés en noir et blanc, tel un jeu d'échecs, comme si les acteurs évoluaient sur un échiquier géant, faisaient office de décor. Le blanc et le noir qui sont des valeurs et non des couleurs, renvoient également aux valeurs de la société. Les comédiens marchaient sur ces carrés, et c'est comme si les grandes valeurs qu'ils représentent étaient bafouées. Le texte de Sid Ahmed Bensahla était écrit en langage mascarien utilisé par les anciens, et qui n'est plus usité aujourd'hui. On comprend des bribes, on perd le fil, on se concentre sur autre chose, on admire le plafond de la salle, et on s'interroge sur tout sauf sur le destin des personnages. Les comédiens (El Meddah Mohamed, Abdelaziz Abdelmoudjib, Warda Saïm et Mohamed Frimahdi) surjouaient parfois, et ne montraient aucune conviction. Le rythme a véritablement chuté dans la deuxième partie, malgré un débit rapide dans l'énonciation. Al Houma al Meskouna a manqué de profondeur, la mise en scène a manqué de propositions, et les comédiens ont manqué de charisme.