“Nous avons décidé de suspendre nos activités dans une enceinte qui n'en finit pas de sombrer dans la servilité et la complicité dans la désintégration de la nation”, écrit le groupe parlementaire du RCD dans sa lettre au président de l'APN. Entre le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Parlement, le divorce est presque consommé : après avoir gelé les activités de ses parlementaires, dans le prolongement des évènements de janvier dernier, le RCD a adressé hier une correspondance au président de l'APN, Abdelaziz Ziari, lui demandant de procéder au remplacement des parlementaires exerçant des responsabilités dans les commissions ou la vice-présidence. Cette décision, qui intervient au lendemain de la tenue du Conseil national du parti, lequel a avalisé la décision du gel des activités, est justifiée par la démission du Parlement, son silence, et l'absence de réaction devant les violations des lois par l'Exécutif, l'agression dont furent l'objet certains députés lors des manifestations organisées par la CNCD ou encore les humiliations que subissent au quotidien les citoyens. “Depuis le mois de janvier 2011, le peuple algérien exprime quotidiennement sa colère et son indignation. Les lois sont régulièrement violées et les libertés bafouées, des parlementaires sont agressés et des citoyens sont humiliés sans que l'Assemblée n'ait osé assumer la moindre de ses missions. Malgré de multiples interpellations de notre groupe, vous n'avez pas daigné répondre ni encore moins agir préférant avaliser les injonctions d'un Exécutif prédateur”, écrit le RCD dans un communiqué de son groupe parlementaire et signé par son président, Athmane Mazouz. “Pour condamner ce silence et réhabiliter le minimum de crédibilité due à la fonction parlementaire, nous avons décidé de suspendre nos activités dans une enceinte qui n'en finit pas de sombrer dans la servilité et la complicité dans la désintégration de la nation”, justifie-t-il. Il faut dire qu'hormis la mise sur pied de la commission d'enquête sur la hausse et la pénurie des produits de première nécessité, à l'origine, dit-on, des émeutes de janvier, force est de constater que le parlement, comme souvent, a brillé par son silence devant les évènements qui secouent le pays. Ni condamnation de la répression qui frappe les manifestations publiques, ni initiative de soutien aux mouvements sociaux, encore moins une condamnation des attentats qui continuent à endeuiller des familles entières. Sourde aux interpellations, refusant la mise sur pied de commissions susceptibles d'incommoder l'Exécutif, l'APN n'a même pas daigné condamner les agressions dont ont été victimes les députés du RCD lors des manifestations organisées par la CNCD. Dès lors y siéger revient à se rendre complice d'une démarche d'une institution qui va à contre-courant de l'histoire, semble suggérer le RCD. Quatre députés sont appelés à être déchargés donc de leurs responsabilités au Parlement : Amrane Aït Hamouda, vice-président de l'APN, Achour Imazatene, président de la commission de la culture, de la communication et du tourisme, Hakim Saheb, vice-président de la commission des affaires juridiques et administratives et des libertés et enfin Arezki Aïder, rapporteur de la commission jeunesse et sport et de l'activité associative. Le renouvellement des instances de l'APN est en cours.