Ils étaient venus d'Alger, Blida, Annaba, Tizi Ouzou, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès et bien d'autres wilayas, en bus, en voiture, en train pour rejoindre le rassemblement national des résidents à Oran. Le but de la manifestation : signifier et leur détermination et la réalité de la mobilisation nationale autour des revendications portées par leur collectif autonome, le Camra. Une action qui, hier matin, a fait vibrer les vieux murs du CHU d'Oran, sous les cris et slogans de plus de 3 000 médecins résidents. Dès 8h30, les manifestants affluaient pour se regrouper à l'intérieur de l'établissement hospitalier. Plus les heures passaient et plus le nombre des résidents grossissait, alors que tout le quartier et les différents accès à l'hôpital étaient cernés par un impressionnant dispositif policier. à l'écart, les CRS étaient prêts à intervenir. Aux cris de “Ouyahia dégage, Ould-Abbès dégage, les résidents n'ont pas peur, fierté, dignité, grève illimitée”, les médecins résidents ont affiché une volonté inébranlable, encore remontés contre les propos du Premier ministre. “Nous ne croyons plus aux pouvoirs publics, cette vieille génération, c'est fini, ils ne sont même pas capables de reconnaître l'échec total de leur politique sanitaire sur tout le territoire national, leur politique du service civil, c'est un échec !”, déclarera à la presse l'un des représentants du Camra, juste avant le coup d'envoi de la marche. En effet, vers 12h, les médecins résidents s'ébranlent, pancartes et banderoles à la main, drapeau national en tête du cortège, pour sortir par l'une des portes arrière du CHUO qui sera immédiatement fermée par des policiers. Cette tentative d'enfermer les médecins résidents a décuplé leurs forces au point où ils réussirent à ouvrir la barrière, forçant le barrage de CRS. Dès cet instant, les résidents, sans distinction, essuyèrent de violents coups de matraque au niveau des jambes et du dos, sans compter les insultes. Projetés à terre ou coincés par plusieurs policiers, les manifestants n'auraient pas pu s'en sortir si ce n'étaient leurs camarades venus les soustraire aux matraques. Courant littéralement, les résidents n'ont pas laissé le temps aux CRS de s'organiser afin de les bloquer. On a dénombré plus de 4 blessés parmi les médecins résidents. Certains avaient les jambes en sang, un autre touché au genou, était soutenu par deux collègues et les traces de coups sur les membres supérieurs sont visibles chez plusieurs d'entre eux. Une course-poursuite s'en est suivie tout le long du boulevard Colonel Abderrezak qui mène au siège régional de l'Entv et de la wilaya. Les automobilistes klaxonnaient en solidarité avec les manifestants. “On est avec vous !”, scandaient-ils. Dès que les policiers tentaient de stopper leur progression, les résidents faisaient face, levant les mains ou brandissant un carton rouge hurlant de plus belle. “Ouyahia assassin ! dégage !, policier hagar”. Les manifestants ont pu atteindre le siège de la wilaya, bloquant la circulation, avant d'occuper les lieux pendant plus d'une heure. à 14h, les résidents satisfaits de leur démonstration de force s'en sont retournés vers le CHUO où la dispersion y a eu lieu, appelant aussitôt à une assemblée générale pour décider de la suite du mouvement de grève.