Résumé : Malgrés les supplications de toute la famille, Mokrane quitte la maison pour retrouver les adeptes de Bacchus. Son chagrin était tel qu'il savait que seul le vin pourrait calmer sa colère. Zouina est triste et Ghenima la serre dans ses bras, en lui assurant que seul le destin guidera ses pas. 47eme partie Zouina est intriguée. Son instinct l'avertissait que le discours de Ghenima n'augurait rien de bon. Sa fille voulait-elle juste la calmer ? Ou bien… Elle se mordit les lèvres. Quelque chose se tramait. Elle n'en doutait plus. À quoi pensait Ghenima, va-t-elle attirer le déshonneur sur eux ? Elle regarde sa fille qui affichait un air trop calme. Trop serein. Que va-t-il se passer ? La vieille femme tire sa fille par le bras et l'entraîne vers un coin de la grande salle : - Tu ne vas pas faire de bêtises Ghenima, n'est ce pas ? Ghenima fuyait le regard perçant de sa mère : - Quelle bêtise pourrait être pire que celle qui vient d'être commise par mon père? Zouina la secoue brutalement : - Je suis d'accord avec toi. Toute la famille est solidaire sur ce point. Mais gare à toi, si tu commets l'irréparable. Tu connais nos coutumes. L'honneur se lave uniquement dans le sang. Ni ton père ni tes frères ne t'épargneront. Ghenima hausse les épaules : - Au point où j'en suis, je ne vois pas quel autre malheur pourrait m'anéantir. Zouina la tire par les cheveux : - Tu es la fille de Da Kaci, et la sœur de Mokrane et Belkacem, tu es la digne descendante d'une famille noble et respectée. Certes, nous ne sommes pas riches, mais par les temps qui courent, qui l'est réellement, sauf ceux qui ont pu hériter des biens de leurs ancêtres. Mais notre famille a toujours été respectée et honorée. Ce n'est pas un bout de femme qui va faire dégringoler la pyramide des anciens. Le feu sacré des traditions ne doit jamais s'éteindre et notre honneur ne doit jamais être souillé. Tu m'entends Ghenima, moi aussi je suis triste pour toi, tu es une partie de moi-même, mais sache-le une fois pour toutes : je n'hésiterais pas à te trancher la gorge si tu piétines les principes ancestraux. Ghenima se dégage de l'emprise de sa mère : - Tu ne m'apprends rien là-dessus, mère, mais je suis certaine que si tu étais à ma place, tu aurais pensé à faire la même chose. - À faire quoi ? - Je ne sais pas, te refugier peut-être chez des parents, t'éloigner pour un moment du village. Zouina hoche la tête : - Je t'aurais moi-même emmenée chez ta tante Ferroudja pour quelque temps, si ton père n'avait pas précipité les choses. Mais maintenant, il est trop tard pour reculer. Tu es mariée à Aïssa. Qu'on le veuille ou pas, tu es sa femme légitime, et il a tous les droits sur toi, y compris celui de te tordre le cou, si tu t'amuses à faire une fugue. Fatiguée par tous les évènements de la journée, Zouina lâcha prise et se dirigea vers sa couche au fond de la salle, où elle s'allongea avant de fermer les yeux, signe qui signifiait qu'il ne fallait plus la déranger et qu'elle ne voulait plus entendre personne. Zineb et Fatiha se regardèrent. Belkacem prenait l'air dans la cour, et les enfants, heureux, qu'on les ait laissés s'amuser pour une fois sans faire attention à eux, couraient dans tous les sens. (À suivre) Y. H.