Le recrutement est devenu un jeu de hasard et non un droit constitutionnel étudié et planifié. Les autorités locales et l'Anem sont jetées en pâture à des chômeurs éreintés et lassés de fausses promesses. Insultes et violences sont devenues monnaie courante pour une jeunesse complètement déboussolée, en quête d'un emploi. C'est dans une atmosphère surréaliste que l'Anem (Agence nationale de l'emploi) de la wilaya d'Oran (daïra d'Oued Tlélat) a organisé un tirage au sort pour la sélection de 6 chômeurs parmi les 300 inscrits à l'agence, en présence des autorités locales dont le chef de daïra qui est venu à la rescousse. Le centre culturel communal du chef-lieu de la daïra était plein à craquer. Cris, réclamations, quelques propos déplacés, bousculades… Telle était l'ambiance, sous l'œil d'un service d'ordre vigilant car à n'importe quel moment, tout pouvait déraper. Après une demi-heure de cacophonie, de palabres, la sueur ruisselait sur plusieurs visages, tout le monde a opté pour le tirage au sort des 6 heureux élus avec une liste additive de 6 autres. Pour plus de transparence, les chômeurs ont chargé le premier responsable de la daïra du tirage des 6 futurs salariés comme manœuvres à l'UCA, en présence du maire de la ville et de la responsable de l'Anem. Une fois l'opération achevée, les déçus retournèrent bredouilles chez eux, en attendant un éventuel nouveau tirage au sort. Mais certains craquent car leur espoir était grand dans ce recrutement au sein d'une entreprise publique. En pleurs, un chômeur fut consolé par les autorités locales avec une promesse de prendre en charge sa situation. “Vous avez assisté à l'opération et vous avez constaté que tout s'est déroulé dans la transparence. Les postulants ont préféré le tirage au sort”, déclare le chef de daïra à Liberté. Pourtant, la responsable de l'Anem a bataillé dur pour avoir ces 6 postes de travail à l'UCA : “Ma famille, ce sont les chômeurs inscrits à l'Anem. Je fais tout le nécessaire pour les placer. L'espoir est grand pour offrir un travail à chaque chômeur. Patience !” Cependant, la méthode du tirage au sort n'a pas été favorable à des pères de famille qui sont dans le besoin absolu. “C'est vrai que les 12 000 DA proposés par l'Etat sont une bouffée d'oxygène mais ce n'est pas suffisant. Il nous faut un travail stable” renchérit un chômeur père de deux enfants. D'autre part, plusieurs jeunes affirment qu'ils n'ont pas encaissé les 12 000 DA et cela depuis deux mois. Un pavé dans la mare sur cette aide prise à la hâte dont certains souhaitent la régularisation dans la loi de finances complémentaire 2011. “Ce tirage au sort fait penser à une omra”, lance avec humour un ancien syndicaliste. En effet, le recrutement est devenu un jeu de hasard et non un droit constitutionnel étudié et planifié. Les autorités locales et l'Anem sont jetés en pâture à des chômeurs éreintés et lassés de fausses promesses. Insultes et violences sont devenues monnaie courante pour une jeunesse complètement déboussolée, en quête d'un emploi.