Cela fait longtemps que son absence se ressentait chez les cinéphiles algériens. Lakhdar Hamina n'a peut-être pas déserté le monde du cinéma, mais son retrait a coïncidé avec le début d'une longue nuit du cinéma algérien. Celui-ci n'existe presque plus que par les archives de l'époque féconde des années soixante et soixante-dix. On vient d'apprendre que Lakhdar a repris la caméra. Juste avant de répondre à l'invitation du Festival de Cannes, il a accompli un long périple de repérage dans l'Est et le Sud-Est algériens. De Batna à Biskra et de Biskra à El-Oued, puis d'El-Oued à Touggourt et Tamacine, l'artiste, déjà fin connaisseur du territoire, a visité des sites qui l'émerveillent toujours et l'inspirent. Il a croisé au cours d'une randonnée qui a duré une dizaine de jours, des sites qui lui rappellent le tournage de certaines de ses œuvres, Vent du Sud, en particulier qui eut pour théâtre des “ghouts” et des oasis de la région de Oued Souf. À chaque fois, la même émotion se lit sur les yeux du cinéaste qui, décidément, commune avec le moindre grain de sable, la moindre couleur, le moindre souffle du terroir. La campagne de repérage se poursuivra dans le sud-ouest du pays. Le lauréat du Festival de Cannes (Palme d'Or 1975 pour Chronique des années de braise) était accompagné d'une importante équipe de techniciens en prévision du tournage de son prochain film, le Crépuscule des ombres. Le scénario se situe historiquement en pleine guerre de Libération et la trame tourne autour de la funeste de “la corvée de bois”. Un road movie en plein désert à couper le souffle.