Le président du Cnes a présenté l'évènement comme étant “une des déclinaisons de ce Printemps arabe, à vivre à ciel ouvert, pour aboutir à une démocratie participative”. Les travaux des premiers états généraux de la société civile se sont ouverts, hier, au Palais des nations du Club-des-Pins, ce lieu interdit en temps normal aux simples citoyens. À vrai dire, même en cette occasion (dédiée exclusivement à la société civile), la grande majorité des participants, excepté quelques représentants de syndicats autonomes, est essentiellement issue d'organisations officielles ! Ainsi, le fait saillant qui marque cette “kermesse” reste, indubitablement, la présence, une fois n'est pas coutume, de certains représentants autonomes, dont les très entreprenantes organisations syndicales du secteur de la santé, le SPNSP, le SNPSSP, ou encore le Collectif autonome des médecins résidents algériens, (Camra). Ces derniers sont invités par le Conseil national économique et social (Cnes) de Mohamed-Seghir Babès, organisateur officiel de l'évènement, pour prendre part aux différents ateliers prévus durant les trois journées que durera cette rencontre. Si les représentants des syndicats autonomes ont répondu favorablement à l'appel du Cnes, c'est parce qu'ils veulent, naturellement, saisir cette occasion et en faire une tribune de dialogue, ce volet qui a souvent fait défaut avec leurs tutelles respectives, à même de faire entendre leur voix. “Nous souhaitons que nos doléances et propositions trouvent enfin un écho en cette occasion”, a déclaré, en marge, le Dr Sid-Ali Merouane, un des membres du Camra, invité à prendre part à l'atelier n°2 intitulé étrangement “Système de protection sociale et solidarité nationale : les conditions de sa pérennité et de sa durabilité”. Le représentant des résidents, en grève depuis quelques mois, qui veut ainsi positiver la participation de son organisation à cette rencontre, ne manque pas de mettre en avant certaines propositions préparées par le Camra s'articulant essentiellement sur “la nécessité de réformer la politique nationale de santé publique, dans le but de permettre une meilleure couverture sanitaire, et sans… le service civil”. Le Dr Merouane mise sur “la volonté du Cnes”, autant est que, dit-il, ce fut cette même institution qui avait encadré un comité ad hoc en octobre 2010, dont le fameux rapport remet en cause l'instauration du service civil. “Le service civil est un système qui a contribué à la désarticulation du système de santé et la discontinuité des soins (…)”, selon ce même rapport, se rappelle le Dr Merouane. “Sahat Etahrir” au club-des-pins ! Côté officiel, l'initiative n'a évidemment pas manqué d'accueillir l'assentiment du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, initiative organisée d'ailleurs sous son haut patronage. Le chef de l'Etat, qui entend “libérer la parole des différentes composantes de la société civile dans le cadre d'une approche basée sur de nouveaux rapports consensuels entre la base et le sommet de la pyramide sociale”, selon le président du Cnes, Mohamed-Seghir Babès, étant donné que le représentant personnel du président de la République, initialement annoncé pour lire son allocution, a tout simplement manqué au rendez-vous. Intervenant à l'ouverture des travaux de cette rencontre, première du genre, M. Babès n'a pas manqué de faire le lien avec le “Printemps arabe” et présenter l'évènement comme étant “une des déclinaisons de ce Printemps arabe, à vivre à ciel ouvert, pour aboutir à une démocratie participative”. Agissant en chef d'orchestre, le président du Cnes estime, ainsi, que l'occasion est offerte pour “ouvrir le dialogue avec toutes les composantes de la société”, tout en comptant implicitement transformer le Palais des nations en une “place de révolution”, allusion faite à la fameuse “Sahat Etahrir”. Le rendez-vous du Cnes a, par ailleurs, fait des mécontents même parmi les représentants d'organisations officielles. C'est le cas, notamment, des présidents de la Cnec et de l'Onem, en l'occurrence MM. Khaled Bounedjma et Khalfa M'barek, qui n'ont pas hésité à quitter la grande salle du Palais des nations, en guise de protestation contre le fait que l'hymne national n'a pas été chanté dans son intégralité à l'ouverture des travaux. Ces deux représentants, respectivement des fils de chahid et enfants de chouhada, n'ont, en outre, pas apprécié l'absence du poster du président de la République dans la salle. Ce qui a fait dire à Khaled Bounedjma que les organisateurs de l'évènement veulent davantage “plaire à la France !”