Au-delà de certains commentaires anecdotiques parus dans la presse, la démarche de partenariat couronnée par la tenue du 29 au 31 mai 2011 du premier Forum d'affaires algéro français me parait non seulement féconde mais généralisable à nos partenaires économiques majeurs. J'expliquerai pourquoi dans cette chronique. Voyons d'abord si le concept de «chasse gardée » a fait son temps et examinons ensuite l'état réel d'émergence du partenariat profitable aux deux parties. Ainsi il n'y a pas si longtemps nos grands partenaires économiques, européens, américains et asiatiques, passaient d'abord par Paris pour disposer des clés de lecture du marché algérien. Ce qui confortait le concept de « chasse gardée ». Mais, depuis, la mondialisation est passée par là et l'émergence des BRIC, notamment de la Chine, a fait le reste. A présent même Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur, estime que “le mythe de la chasse gardée est terminé … et que pour la France, l'Algérie est un partenaire respecté, que nous sommes prêts à accompagner sur le chemin du développement dans un rapport équilibré et mutuellement bénéfique”. Il a ainsi souligné, pour illustrer son propos, que la France avait perdu des parts de marché en précisant que “la part de marché de la France tourne autour de 15%, alors qu'elle était il y a 20 ans environ de 25%”. Cela est vrai. Mais pour restituer toute la réalité des échanges j'ajouterai que le déficit commercial demeure structurellement déficitaire pour l'Algérie qui n'exporte en France que seulement près de 8% du total de ses exportations. En 2010 ce déficit commercial s'est élevé à 1,543 milliards de dollars. Il n'y a que deux façons de le réduire : augmenter les exportations ou diminuer les importations. Aussi la promotion d'un partenariat industriel algéro français en est un élément de la solution en ce qu'il fera augmenter des exportations algériennes, singulièrement vers la France. Cette approche est du reste valable pour les autres grands partenaires industriels avec lesquels notre balance commerciale est déficitaire. On peut citer la Chine (-3,218 milliards de dollars) et l'Allemagne (estimée à plus de -2 milliards de dollars). Je disais que la mondialisation ouvre les marchés à la concurrence et il n'y a plus nulle part de « chasse gardée ». La preuve en est donnée par notre secteur de la pharmacie et le médicament. Ainsi, avant même que ne sèche l'encre de la convention signée par M. Mansouri Abdelkrim, directeur général de l'Andi et par M. Thierry Lefebvre, directeur général de Sanofi Aventis Algérie, portant sur la production sur le site de Sidi Abdellah de médicaments de forme sèche et de forme liquide, un autre grand projet pharmaceutique est initié avec le groupe américain PhRMA. Une lettre « d'intention et d'engagement » a été signée par ce dernier le 9 juin 2011 à l'effet d'implanter dans le même site « un pôle international de biotechnologie et de production de médicaments ». Smail Chikhoune, président du Conseil d'affaires algéro américain (USABC), déclare, pour illustrer l'importance du projet, qu'il s'agit de « faire de l'Algérie une plaque tournante pour la région Afrique du Nord Moyen Orient afin de reproduire l'expérience de Singapour où l'Etat avait mis à leur disposition des infrastructures ». D'autres exemples, dans d'autres secteurs, peuvent être cités. Ceci étant, en ajoutant à ce contrat obtenu par le groupe pharmaceutique Sanofi Aventis, ceux d'Alsthom, de St Gobain, d'Axa et en rappelant ceux de Technip (rénovation et extension de la raffinerie d'Alger) et GDF/Suez (permis d'exploration hydrocarbures), on peut observer que le partenariat algéro français a fait, dans la discrétion, une bonne partie de son chemin. Si les projets avec Renault (voitures) et Total (cracking d'éthylène) aboutissent c'est un pas de plus qui sera fait. Sur fond de ralentissement de la croissance en Europe et aux Etats-Unis et de politiques économiques mondiales non coopératives, les partenariats bilatéraux industriels et de services entre les pays émergents et les pays avancés sont pour nous des véhicules appropriés de développement. Avec la France certes, mais pas seulement.