Après l'attentat à la bombe de jeudi dernier qui a visé un convoi militaire à la sortie de la ville d'Azazga, la population de la région grogne du fait que la panique engendrée par cette embuscade a malheureusement entraîné la mort d'un citoyen apparemment victime d'une bavure militaire. En effet, selon des témoins oculaires, quelques militaires, pris de panique, ont envahi les parages pour déverser leur colère sur les riverains, tout en tirant des rafales à tout bout de champ. Quelques-uns se sont même introduits dans deux villas avoisinantes et ont tiré sur un gardien, le blessant grièvement. Il s'agit du nommé D. Mustapha, 42 ans, père de cinq enfants, que les militaires aurait soupçonné d'être un terroriste, tout en blessant trois autres. Or, l'homme en question était un simple manœuvre, originaire de Souama (Mekla). Les militaires se sont introduits, ensuite, dans une seconde villa, tirant sur un autre gardien, avant de saccager les lieux. Pendant ce temps, la première victime, D. Mustapha, tout en sang, tentait de regagner la route nationale pour demander secours mais il essuiera malheureusement une autre rafale qui l'achèvera sur le coup. Les mêmes témoins affirment que les militaires s'en sont pris ensuite aux commerçants mitoyens de l'hôpital qu'ils ont terrorisés sous le regard ahuri de nombreux citoyens visiblement choqués par toutes ces exactions. Après le drame, “un comité citoyen d'Azazga a aussitôt réagi pour appeler à une grève générale massivement suivie hier en signe d'indignation et de colère” ainsi que les comités de village de la région ont décidé d'une autre grève générale pour aujourd'hui, jour de marché dans la région, après celle observée hier, puis une marche pacifique demain afin de protester contre ce qu'ils considèrent comme des “agissements inqualifiables de la part des services censés nous protéger”. Toujours est-il que le wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi, accompagné du commandant du secteur militaire, du commandant de groupement de la Gendarmerie nationale, ainsi que des représentants des responsables sécuritaires de la région, des députés, des élus à l'APW, du P/APC d'Azazga et autres élus locaux, se sont rendus hier au chevet des blessés à l'hôpital d'Azazga où ils se sont enquis de leur état de santé, tout en constatant de visu les dégâts et les saccages occasionnés aux habitations par les éléments de l'ANP. Une réunion de crise s'est alors tenue au siège de l'APC d'Azazga sous la présidence du wali et en présence des élus, des membres des comités de village de la région, des familles des victimes ainsi que des témoins présents sur les lieux du drame au moment des faits. Présentant ses condoléances à la famille de la victime D. Mustapha, le wali s'est engagé à prendre en charge les blessés et à diligenter une commission d'enquête pour élucider les circonstances de ce drame et déterminer les responsabilités. Il a admis que ces dérapages sont graves et que leurs auteurs “seront identifiés et traduits devant un tribunal militaire, comme le stipulent les lois de la République”. L'attentat contre le convoi militaire a eu lieu, rappelons-le, à l'heure de la visite des malades à l'hôpital et d'autres témoins affirment que les militaires ont semé une grande panique parmi les visiteurs et les malades dans l'enceinte même de l'hôpital d'Azazga.