Réalisé par Razika Mokrani, ce film documentaire, ayant été, pour rappel, primé à la 11e édition du Festival du film amazigh qui s'est tenu cette année à Azzefoun, a été projeté lundi passé à la petite salle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Le film fait un éclairage sur une partie de l'histoire d'Algérie durant la Révolution. D'une durée de 56 minutes, il relate les faits d'une opération secrète dite “Force k", force kabyle. Lancée durant les années 1955, l'opération fut tentée par les services secrets français dans la Kabylie maritime. Elle consistait en la création d'un contremaquis clandestin destiné à briser le FLN de l'époque en l'intoxicant de l'intérieur. Or “c'est à l'avantage de ce dernier qu'a tourné cette affaire, les hommes recrutés et armés par les services français s'étant révélés être des rebelles, des moudjahidines…" En effet, " le recrutement, l'organisation et l'armement des groupes furent faits en un rien de temps. Il va de soi que tous les hommes furent choisis parmi les meilleurs militants du FLN. Lorsque Robert Lacoste vint prendre la relève de Jacques Soustelle en 1956, ce dernier, en lui passant les consignes, insista sur cette ‘importante affaire'. Le nouveau gouverneur faillit attraper une syncope de joie : ‘Voila, s'écria-t-il, le meilleur truc pour nous débarrasser des fellagas'". Pour la réalisatrice, ce film documentaire d'histoire retrace l'histoire de cette “Force K" plus connue sous le nom de “Oiseau Bleu". Acteurs, historiens, sociologues et ethnologues nous livrent leurs analysent avec des rebondissements très importants, appuyés de documents inédits des archives historiques de l'armée du château de Vincennes et d'Outre-mer d'Aix en Provence. Un film qui n'est pas encore fini, puisqu'une autre partie est en cours de réalisation. “Force K” n'a donc pas livré tous ses secrets. Il est à relever aussi la complexité du travail lancé par cette jeune réalisatrice. Face à une histoire officielle algérienne et une autre française, Razika Mokrani est allée à la rencontre des deux pays pour y tirer une synthèse. Elle fera une rétrospective avec un enchainement des événements. Du côté algérien, elle fera intervenir le moudjahid Djoudi Atoumi, le moudjahid et sociologue Chikini Mohand Saîd et, du côté français, l'historien Benjamin Stora, l'ethnologue Camille Lacoste Dujardin, le sociologue Andrée Micheal, le général Maurice Faivre, l'officier Marc Delporte Fontaine. La conception du film documentaire (thématique) n'est pas basée sur un mode linéaire. “Bien au contraire, le film englobe des situations et des témoignages sur une importante opération, où l'action côtoie et engendre le sacrifice et où le drame culmine en duo avec la réalité. Tous ces éléments filmiques croissent et décroissent suivant un diagramme dramaturgique précis, où le genre détective prend le dessus et où la réalité dépasse la fiction, avec des retournements émouvants".