La salle n° 3 de la session criminelle de la cour d'Oran était presque vide et plongeait dans un silence profond. L'affaire de viol avec violence sur mineure a été traitée mercredi, et la justice a tranché : 5 ans de réclusion criminelle contre le dénommé B. N., marchand de fruits et légumes de son état, âgé de 32 ans et originaire de Batna. La genèse de l'affaire remonte au début de l'année 2009-2010, quand la mère découvre une somme d'argent chez sa fille et remarque un gonflement du ventre de l'adolescente. C'est l'enfer ! La fille avoue à sa mère que son père a abusé d'elle. Tout s'écroule et on tente de l'avorter en lui ingurgitant du vinaigre et des comprimés. Souffrante, elle est évacuée vers l'hôpital. Mais des informations sur l'affaire parviennent à la brigade de gendarmerie de Chteibo où réside la famille. Après enquête, la victime accuse formellement son père. Ce dernier, face au scandale, fuit vers le sud du pays pour y travailler. L'adolescente subit un contrôle médical et, effectivement, elle a perdu sa virginité. Coup de théâtre, une fois le père arrêté, la fille change sa déposition et accuse B. N., locataire d'un garage appartenant à la famille de la victime. Un mandat d‘arrêt est lancé par le juge d'instruction après le refus du présumé coupable de se rendre au bureau du juge d'instruction. Arrêté, il nie les faits, mais la victime affirme que le voisin B.N. a abusé d'elle plusieurs fois dans la forêt de Hassi Beni Okba, et elle a accusé son père pour se venger de lui car il la maltraitait. Face aux faits, le procureur de la République requiert 12 ans de réclusion criminelle contre B.N. Cependant, la défense a bien tenté de démonter les accusations portées contre son client : “B.N. est une personne naïve et innocente de tous les faits qu'on lui reproche. Comment peut-on croire une adolescente qui accuse son père pendant 4 mois et, une fois ce dernier arrêté, change de déposition ? Le médecin légiste ne peut trouver de trace de viol après 4 mois des faits. Qui a donné du vinaigre et des comprimés pour faire avorter la victime ? Pourquoi la famille n'a pas déposé de plainte contre mon client dès la découverte de la grossesse et des abus sexuels ?” s'interroge l'avocat du prévenu avant d'ajouter : “C'est le père de la fille le vrai coupable. Mon client est la victime dans cette affaire. Je plaide pour la relaxe.” Après délibération, B.N. a été condamné à 5 ans de prison suite aux circonstances atténuantes accordées par la cour et les jurés. De son côté, son frère, abattu, a affirmé que leur avocat fera appel. À noter l'absence de la victime et de ses parents à l'audience.