La Commission européenne n'a pas tardé à réagir aux propos de Valéry Giscard d'Estaing relatifs à la Turquie. Bruxelles estime que l'ex-président français parlait à “titre personnel” et non en sa qualité de responsable de la convention sur l'avenir de l'UE. Il faut dire que l'entretien accordé par Giscard d'Estaing au journal le Monde a mis l'Union européenne dans la gêne. L'ancien patron de l'Elysée n'a pas mis de gants en parlant de l'intégration de la Turquie à l'UE, qu'il a qualifiée de “fin de l'Union européenne”. Président de la convention sur l'avenir de l'Europe, Valéry Giscard d'Estaing estime que la Turquie “n'est pas un pays européen”. “Le lendemain du jour où l'on ouvrira des négociations avec la Turquie, vous aurez une demande marocaine (d'adhésion à l'UE), le roi du Maroc l'a dit depuis longtemps”, a-t-il affirmé. Au lieu d'une adhésion, Giscard d'Estaing prône un pacte de partenariat et de coopération avec la Turquie, du type de celui qui unit les Quinze à l'Ukraine. Selon lui, au sein de la convention, on raisonne “sur une Europe de 25 plus 2. Point !” Ce chiffre de 25 plus 2 recouvre les quinze membres actuels, les dix pays candidats appelés à rejoindre l'UE à 2004, ainsi que la Bulgarie et la Roumanie qui devraient rejoindre les autres vers 2007. La Turquie, candidate depuis 1999, n'est donc pas incluse dans ce chiffre. Les propos de Valéry Giscard d'Estaing ont été qualifiés “d'opinion personnelle”, par un porte-parole de la commission, qui n'a pas manqué d'assurer que Bruxelles n'avait “aucunement l'intention” de remettre en cause le statut de candidat donné officiellement à la Turquie par le sommet européen d'Helsinki en 1999. Ainsi, le porte-parole du commissaire chargé de l'élargissement, Guenter Verheugen, confirme qu'“il y a eu une stratégie adoptée en 1999 à Helsinki et c'est dans le cadre de cette stratégie que la Commission fait ses propositions. Tant que cette stratégie n'est pas remise en cause par les mêmes chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, nous continuerons sur cette voie”. Le porte-parole est allé jusqu'à dire que l'entrée de la Turquie à l'UE ne “serait pas la fin de l'Union européenne”. C'est une façon de montrer que les déclarations de Valéry Giscard d'Estaing n'engagent que sa personne. Il revient au sommet européen des 12 et 13 décembre prochains pour décider si l'UE fixera ou non une date pour le début des négociations d'adhésion, une date qu'Ankara réclame avec insistance. Mieux, dans son rapport annuel en octobre, la Commission européenne avait salué “les progrès considérables” réalisés par la Turquie en matière de droits de l'homme, tout en précisant toutefois qu'Ankara “ne remplit pas pleinement les critères politiques”, qui permettent d'engager des pourparlers officiels d'adhésion. Il y a lieu de signaler que la récente victoire des islamistes aux législatives turques est tombée comme un cheveu dans la soupe. D'ailleurs, l'Union européenne a fait preuve de prudence à l'annonce des résultats des élections en Turquie, faisant savoir qu'elle laissera le temps aux nouveaux gouvernants d'Ankara de faire leurs preuves. Les propos de Valéry Giscard d'Estaing ont soulevé un véritable tollé en Turquie, où le sentiment général a été traduit par la déclaration du député Emre Kocaogh qui a réclamé la démission du président de la convention sur l'avenir de l'Europe, estimant que son attitude “n'était pas compatible avec sa charge”. K. A. Allemagne- USA Bush et Shroeder décrispent leurs relations Le président américain George W. Bush a eu vendredi dernier un entretien téléphonique avec le chancelier allemand gerhard schroeder au cours duquel il lui a exprimé la volonté de Washington de travailler avec berlin et celle de voir l'union européenne tendre la main à la turquie. Le porte-parole de la maison-blanche pour les questions de sécurité, sean mccormack, a indiqué que "le chancelier schroeder et le président (bush) se sont entendus sur le besoin pour l'europe et l'union européenne de tendre la main à la Turquie en cette période importante". Il s'agissait de la première conversation entre le dirigeant américain et son homologue allemand depuis le refroidissement notable des relations entre les deux pays en raison des thèmes anti-américains développés, selon Washington, par les sociaux-démocrates allemands lors de la campagne pour les élections de septembre dernier. Il a précisé que c'était gerhard schroeder qui avait appelé George W. Bush.