C'est le portrait craché de son père. Nacer Boudiaf a hérité de son illustre paternel la simplicité mais aussi le langage direct et sincère. Depuis l'assassinat du père de la Révolution algérienne le 29 juin 1992, il n'a pas cessé de militer pour le triomphe de la vérité. Et son livre Boudiaf, l'Algérie avant tout, publié à la mi-juin, est une façon pour lui de continuer ce noble combat. “En écrivant ce livre, j'ai voulu interpeller les responsables qui l'ont ramené et qui sont toujours en vie, pour informer les Algériens sur ce qui s'est vraiment passé ce funeste 29 juin 1992 car personne ne croit à la thèse officielle”, a-t-il confié à Liberté, lors d'une séance-dédicace organisée hier à la bibliothèque générale d'El-Biar, à Alger. A-t-il bon espoir qu'un jour les Algériens connaîtront les vrais auteurs de l'assassinat de l'ancien président du HCE ? “Je travaille pour cela. Je suis sûr et certain que dans peu de temps on saura la vérité. J'en suis convaincu. Après tout, ce n'est pas aussi compliqué que l'affaire Kennedy”, affirme-t-il, non sans s'en prendre à Ali Haroun, cet ancien membre du HCE présidé par Mohamed Boudiaf, qui a défendu la thèse de l'acte isolé dans les colonnes d'un journal. “L'assassinat de Boudiaf n'est pas un acte isolé et ce n'est pas Ali Haroun qui va nous convaincre du contraire. C'est une honte”, peste-t-il, avant de poursuivre, un brin énigmatique : “Ce n'est pas Boumarafi qui a assassiné Boudiaf mais la lâcheté.” Quant aux mobiles de cet assassinat, Nacer Boudiaf cite la création du RPR (Rassemblement pour la République) et l'ouverture du dossier de la corruption. “En créant le RPR, Boudiaf s'est donné un contre-pouvoir et voulait un changement radical avec les méthodes, les pratiques et surtout les hommes du passé”, explique-t-il. Pourquoi ce livre aujourd'hui précisément ? “J'ai voulu le faire il y a dix ans mais je n'ai pas pu concrétiser ce projet. Si je l'ai fait aujourd'hui c'est parce que le moment est opportun surtout avec le blocage dans lequel se trouve le pays”, rétorque-t-il. À l'entendre en tout cas, le livre a été très bien accueilli par les Algériens. “En une semaine, nous avons épuisé le premier stock de plus de 2 000 exemplaires. Il a eu un impact et un engouement extraordinaires. Une dame m'a confié avoir vu des personnes pleurer en lisant le livre. Il est vrai que Boudiaf a marqué l'esprit des gens. Ils l'ont compris et ont adhéré à son message. Et près de 20 ans après son assassinat, les gens ne l'ont pas oublié”, s'est-il félicité. La séance-dédicace d'hier a été la deuxième assurée par Nacer Boudiaf après celle du 2 juillet à la librairie du Tiers-monde (Alger). D'autres sont prévues à Béjaïa (13 juillet), Akbou (14 juillet) et au siège de la Fondation Lounès-Matoub, à Béni Douala (16 juillet). A-t-il d'autres projets d'écriture ? “Oui, je compte faire d'autres livres sur mon père”, a-t-il répondu avant d'ajouter : “Il n'y a pas mieux que le fils pour écrire sur son père.” Pour perpétuer sa mémoire, aussi.