La ville de Tiaret a célébré le 49e anniversaire de l'Indépendance, hier, par une manifestation inédite. En effet, des dizaines de citoyens, excédés par la situation politique et sociale du pays, ont organisé des sit-in et autres manifestations à travers plusieurs endroits de la ville. Ils ont particulièrement ciblé la célèbre place Régina, à proximité du siège de la daïra, où, en guise de protestation contre le système en place, des banderoles très parlantes ont été accrochées. Soulignant la nécessité de “tourner la page de la dictature et de l'autoritarisme”, un citoyen se réclamant de la société civile non affiliée à une quelconque formation politique, a fait savoir que ce mouvement se poursuivra sur le terrain et ne cédera ni à la répression des forces de sécurité ni aux intimidations des autorités locales. Dans la foulée, ce dernier dressera un violent réquisitoire contre le pouvoir qui a fait de l'Algérien un sujet et non un citoyen, en usant notamment devant l'instrumentalisation de la justice contre la citoyenneté tout en légalisant, ou en fermant l'œil, sur les pratiques malsaines de ces “gros bonnets” qui se considèrent intouchables. Estimant que “l'Algérie d'aujourd'hui est devenue une copie de l'Algérie coloniale”, notre interlocuteur a souligné que l'image qu'offrent le pays en général et la wilaya de Tiaret illustre un état de “déconfiture morale très profonde et aiguë”. La crise sociale préméditée par ceux qui sont obsédés par l'intérêt personnel et qui “usent de despotisme et de corruption” est, ajoutera-t-il, de grande ampleur. “Ignorer notre cri de colère et de détresse, c'est aménager l'explosion de demain”, avertit ce citoyen.