Le trajet effectué vers l'endroit de sa libération n'aura pas été très long, et si le jeune Bilek a été séquestré dans la région, cela n'écarte donc pas des complicités locales. Enlevé par un groupe armé, le 11 mai dernier à 8h, sur la route de Thala Bounane, à moins de 10 kilomètres au sud de la ville de Tizi Ouzou, sur la route menant vers Béni Douala, Mourad Bilek a été libéré mercredi dernier dans la soirée à Azib-Ahmed, dans la périphérie de la ville de Tizi Ouzou. Il était 23h30, selon des sources proches de la famille, lorsqu'un véhicule non identifié s'arrête à quelques centaines de mètres d'un hangar sis à Azib-Ahmed, à quelque 4 kilomètres au sud de la ville de Tizi Ouzou. Mourad reconnaît l'endroit, puisque le hangar en question est géré par ses proches. À moins de 10 kilomètres de là, à Béni Aïssi, où elle demeure, la famille Bilek est vite tirée de son sommeil par un appel téléphonique qui l'informe que Mourad est relâché par ses ravisseurs. C'est la fin d'un cauchemar ! Mourad est relâché par ses ravisseurs et Morphée a relâché les villageois qui dormaient déjà pour partager la joie et le soulagement de la famille Bilek qui retrouve son fils. La demeure des Bilek est envahie en pleine nuit par des centaines d'habitants venus s'assurer du retour en bonne santé de l'enfant du village pour qui tout le monde s'est mobilisé comme un seul homme durant les premières semaines qui ont suivi l'enlèvement. À Beni Aïssi, le sourire a été enfin retrouvé après le dénouement de cet affaire d'enlèvement ; la plus longue parmi les 64 enregistrées dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis l'apparition de ce phénomène durant la fin de l'année 2005. Mourad Bilek vient de passer 56 jours de captivité entre les mains de ses ravisseurs. il est revenu sain et sauf mais, selon des habitants de la région, visiblement traumatisé et épuisé bien qu'il n'ait pas été maltraité, selon ses proches. Accompagné par les membres de sa famille, la victime s'est présentée aux services de sécurité, le lendemain, jeudi, pour faire ses déclarations comme cela se fait après la libération de chaque otage. Aucune information n'a toutefois filtré sur le versement ou non d'une rançon contre la libération de Mourad. La famille se veut formelle. Aucune rançon n'a été versée. Par ailleurs, même en cas de versement de rançon, les familles des victimes s'entourent de la plus grande discrétion depuis la criminalisation par l'Etat du versement des rançons aux groupes terroristes. Les recoupements d'informations dans les milieux proches de la victime laissent, en revanche, comprendre que l'otage a passé son triste séjour non loin de sa région. Le trajet effectué vers l'endroit de sa libération n'aura pas été très long, et si le jeune Bilek aura été donc séquestré dans la région, cela n'écarterait donc pas des complicités locales. Cela a été déjà établi par les services de sécurité au lendemain de l'attentat kamikaze qui a ciblé la brigade de gendarmerie de Béni Aïssi le 25 juillet 2010. Pour le moment, au-delà de ces éléments qui relèvent du domaine de l'enquête policière, la population de Béni Douala, qui a enregistré à elle seule près d'une dizaine d'enlèvements jusque-là, continue d'exprimer sa joie et sa solidarité avec la famille Bilek, tout en reposant avec acuité la grande interrogation posée à chaque libération d'un otage : à qui le tour ? La question a été déjà posée en grosses lettres sur des banderoles mises en avant lors de toutes les actions organisées par la population de Béni Douala pour exiger la libération du jeune Bilek. Une question qui demeure d'actualité, puisque la situation sécuritaire en Kabylie est toujours loin d'être maîtrisée.