Les administrations, les écoles et le commerce sont restés fermés en guise de solidarité avec la famille du jeune Mourad Bilek enlevé le 11 mai. Les citoyens ont convenu d'organiser une caravane qui sillonnera les abords du massif forestier de la région pour exiger la libération de l'otage. La mobilisation populaire a été au rendez-vous, hier, dans la daïra de Beni Douala (15 km au sud-est de Tizi Ouzou), six jours après l'enlèvement du jeune Mourad Bilek par un groupe armé. La grève générale a été suivie par l'ensemble de la localité pour exiger la libération immédiate et sans condition de l'otage. Un important rassemblement a été organisé au chef-lieu de daïra pour dénoncer l'impunité des kidnappeurs et la démission des pouvoirs publics face à l'insécurité qui pèse sur l'ensemble de la population locale. Les commerçants de la région ont tous baissé rideau en signe de solidarité avec la famille du jeune Mourad. Les administrations, dont la daïra, et les différents services publics ont également fermé leurs portes. Les collégiens et les lycéens ont débrayé pour exprimer leur implication dans la mobilisation populaire. Mourad Bilek, un jeune homme de 18 ans a été kidnappé mercredi 11 mai, vers 8h, à quelques encablures de son village, Aït Aïssi, au lieudit Thala Bounane. Il était sur la route de Tizi Ouzou, le CW100, en compagnie de son ami, lorsqu'un groupe d'individus armés intercepte leur véhicule. Près d'une semaine plus tard, aucune nouvelle n'est parvenue des ravisseurs. Cette action de mobilisation sonne comme une position franche de la population vis-à-vis du phénomène des rapts qui sévit en Kabylie depuis des années. Un arrêt de cours a été également observé au niveau de certains départements de l'université de Tizi Ouzou pour marquer cette journée de mobilisation. Les amis du jeune Mourad ont placardé des affiches dans de nombreuses villes avoisinantes pour sensibiliser sur le risque permanent d'enlèvement qui guette les citoyens. L'adhésion des transporteurs de Beni Douala à la grève a été par ailleurs observée. Lors du rassemblement populaire organisé dans la matinée d'hier au chef-lieu de Beni Douala, le frère de Mourad a exhorté ses concitoyens à maintenir la pression et la mobilisation jusqu'à la libération de l'otage avant d'exprimer toute sa gratitude aux personnes qui ont répondu présent à cet appel de détresse. «Nous n'allons pas baisser les bras. Nous devons rester mobilisés jusqu'à la satisfaction de notre exigence», ajoute-il. Un autre membre de la cellule de crise, installée au lendemain du rapt, a informé qu'une réunion devait se tenir hier en fin de journée entre les membres de la famille de l'otage et les représentants des villages ainsi que des élus locaux pour débattre des actions à envisager dans l'immédiat. Les orateurs ont tenu également à tirer la sonnette d'alarme quant à la situation sécuritaire délétère qui prévaut en Kabylie et exigent la mise hors d'état de nuire des bandes de kidnappeurs qui ruinent l'économie locale et plongent les familles dans la détresse la plus totale. Aujourd'hui, mercredi, les citoyens ont convenu d'organiser une caravane qui sillonnera les villages de la localité et les abords du massif forestier de la région pour exiger la libération de l'otage. Aussi, une marche au niveau du chef-lieu de la commune de Beni Douala est prévue jeudi pour maintenir la pression sur les auteurs du kidnapping et exiger que Mourad revienne aux siens sain et sauf. Par ailleurs, dans la commune de Maâtkas (20 km au sud de Tizi Ouzou), les villageois de Berkouka, village natal de H. Saïd, l'artisan kidnappé samedi dernier près de son domicile à Mechtras (30 km au sud de Tizi Ouzou), s'organisent pour le même objectif, obtenir la libération de l'otage. Une deuxième réunion après celle organisée dans son village, hier, se tiendra aujourd'hui à l'APC de Mechtras. Séquestré depuis 4 jours, ce propriétaire d'une marbrerie, intercepté dans un faux barrage, a déjà échappé à une tentative de kidnapping il y a un mois, selon des sources locales. La victime, diabétique, est toujours entre les mains de ses ravisseurs. Ce sont donc deux citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou, enlevés à trois jours d'intervalle, qui sont actuellement entre les mains des kidnappeurs. Un véritable défi lancé par ces bandes de criminels aux pouvoirs publics mais aussi à la population locale.