Aucune déclaration algérienne n'a été rendue publique, à l'issue de cette visite. Mais des voix, en France même, se sont élevées contre la venue de Jean-François Copé. Le patron de l'UMP est à Alger, en campagne électorale pour la réélection de Nicolas Sarkozy, en 2012, et pour se placer en perspective des élections de 2017. Même s'il affirme que le but de sa halte algéroise est d'y tenir une conférence comme tant d'autres qu'il anime un peu partout, Jean-François Copé a été trahi par son agenda fort intéressant. En effet, il a été reçu par le président de la République et des personnalités politiques algériennes. Sa conférence de presse, prévue hier au Centre culturel français, a été annulée à la dernière minute, en raison du programme chargé d'audiences. On n'en saura pas plus sur la teneur de ses discussions avec les responsables algériens. Officiellement, donc, le patron de l'UMP est à Alger pour animer une conférence de presse à l'Ecole nationale supérieure des sciences politiques, sous le thème : “Les valeurs de la République française dans la mondialisation”. Devant les universitaires, il a exprimé son rêve de voir s'ouvrir “une nouvelle page de développement partagé de points de vue politique, économique, commercial, et touristique” entre l'Algérie et la France. Le secrétaire général de l'UMP a indiqué que “nous sommes deux populations qui sont tellement liées” et “il n'y a que des choses positives à faire ensemble”. Mais le conférencier est resté fidèle à la ligne directrice de l'UMP, surtout en cette période de campagne électorale, notamment sur la question fortement porteuse de l'immigration. Tout en déclarant qu'“il n'y a pas de la part de la France une opposition complète à cette question (de l'immigration)”, il précisera que “la France doit avoir une politique lucide et réaliste sur ses capacités d'accueillir les personnes immigrées. On lutte contre l'immigration clandestine”. “Quant à l'immigration régulière, on l'adapte à nos capacités d'accueil et ce n'est pas seulement le problème de visa”, a encore dit M. Copé. Autrement dit, la question chère au président Sarkozy, “l'immigration choisie”, semble être la seule aux yeux de la droite française qui l'intéresse. Même si le patron de l'UMP se déclare “opposé” à la question de la suppression de la “binationalité”, il se dit, en revanche, “pas favorable au droit de vote pour les étrangers, car le droit de vote est un droit qui est consubstantiel à la nationalité française”. Interrogé, par ailleurs, sur la participation de son pays à l'intervention militaire étrangère en Libye, M. Copé a répondu que “la France n'intervient pas comme ça” dans ce pays, mais le fait “sur la base d'une résolution de l'ONU et de la communauté internationale et sur la base d'évènements spécifiques”, mais il ne soufflera mot sur le largage par l'armée française d'armes au profit des rebelles libyens. Officiellement, aucune déclaration algérienne n'a été rendue publique, à l'issue de cette visite. Mais des voix, en France même, se sont élevées contre la venue de Jean-François Copé. Selon Abderrahmane Dahmane, conseiller chargé de la culture, de la communication et des associations des musulmans laïques à la Grande-Mosquée de Paris, “l'Algérie reçoit le 11 juillet 2011 l'auteur de la loi sur le voile intégral et le promoteur de l'idéologie islamophobe au sein de l'UMP, premier parti de France”. M. Copé est devenu l'homme politique le plus détesté des musulmans de France et plus particulièrement des Algériens qu'il a toujours, d'une façon sournoise, stigmatisés, discriminés et accusés d'être responsables d'une partie des maux de la société française. “M. Copé, c'est la peste des musulmans de France, c'est aussi le raciste déclaré anti-arabe et anti-immigrés.” Tout en rappelant que M. Copé “a voté et a défendu la loi à l'Assemblée nationale française déclarant célébrant les bienfaits du colonialisme”, M. Dahmane a tenu à rappeler également les origines du patron de l'UMP “Monsieur Copélovici dont la famille paternelle est originaire de Roumanie a fui l'antisémitisme dans les années 1930. Sa famille maternelle originaire d'Algérie, dont sa mère Monique Ghanassia est née à Miliana et n'a jamais été inquiétée en raison de ses origines juives. Elle a été protégée et a vécu en paix en terre d'islam. Aucun homme politique en France n'a été aussi loin que ce personnage allant jusqu'à déclarer que les musulmans devaient faire leur prière en français comme si les musulmans avaient demandé aux juifs vivant en Algérie de prier en arabe”.