D'après le constat fait par ce groupe de femmes, le harcèlement sexuel est en hausse aussi bien dans le secteur public que privé dans la mesure où, selon nos informations, quinze cas ont été enregistrés durant le premier semestre. Le combat des femmes dans la lutte contre le harcèlement sexuel prend forme à Aïn Témouchent et devient donc effectif après des années d'hésitations. S'il est vrai que la wilaya de Aïn Témouchent compte un grand nombre de cas de harcèlement sexuel dans le milieu du travail dont sont victimes les femmes, il est prématuré de parler jusqu'ici de victimes parmi la gent masculine, face au pouvoir des femmes. Il n'en demeure pas moins que beaucoup de chemin reste à faire dans cette lutte en raison des tabous dans notre société traditionnellement conservatrice. Et c'est justement pour faire face au silence imposé par ce conservatisme, qu'un groupe de femmes courageuses a décidé de briser ce tabou. À cet effet, une quarantaine de femmes travailleuses affiliées à l'UGTA issues de plusieurs secteurs d'activité (finances, éducation, télécommunication, santé et bien d'autres comme Algérie Poste et la CCLS) se sont retrouvées dernièrement au niveau de l'hôpital Ahmed-Medaghri, pour débattre de ce phénomène qui prend de l'ampleur et des proportions alarmantes au niveau de la wilaya. Ainsi, cette rencontre, la première du genre, n'a pas été vaine puisqu'un comité de lutte contre le harcèlement sexuel est né, composé de quinze membres dont Mme Abdellali Oum-El-Kheïr, élue présidente. Ce comité devra s'atteler, à travers un long processus et un travail de proximité, à recenser des cas de harcèlement afin de connaître le degré de nuisance de ce phénomène, les dégâts occasionnés sur le plan socioéconomique des victimes et enfin entamer une opération de sensibilisation à grande échelle à travers les 28 communes. Il va sans dire, et ce, d'après le constat fait par ce groupe de femmes que le harcèlement sexuel est en hausse aussi bien dans le secteur public que privé dans la mesure où, selon nos informations, quinze cas ont été enregistrés durant le premier semestre. Des victimes courageuses ont décidé de casser le tabou et porter plainte au niveau des tribunaux : “Elles sont courageuses et ont droit d'être soutenues dans leur combat. Ce sera donc le rôle de ce jeune comité”, fera remarquer Mme Betioui, cadre à Mobilis. De son côté, M. Boucif Bensâada, chargé de l'organique au sein de l'UGTA, avoua que plusieurs cas de harcèlement sexuel de femmes ont été traités par son organisation après le dépôt de plainte au niveau de l'inspection du Travail mais qui ont été résolus à l'amiable évitant ainsi des conséquences fâcheuses. Combien de femmes ont subi des pressions ou ont été mutées, sanctionnées, pour ne pas avoir cédé ? Difficile de répondre. Ce sera le travail de ce comité, comme l'a affirmé M. Mohamed Benaouda, secrétaire général de l'union territoriale de l'UGTA de la wilaya de Aïn Témouchent, à l'issue de cette réunion.