Après moi le déluge. Kadhafi, cerné de toutes parts et lâché par des proches, menace de pratiquer la politique de la terre brûlée en cas d'attaque massive pour le chasser de Tripoli. Le “groupe de contact” sur la Libye se réunit lundi à Istanbul sous la direction de la secrétaire d'Etat américaine, Mme Hillary Clinton pour offrir la dernière porte de secours à Kadhafi et rechercher un règlement négocié comme les résultats militaires ne suivent pas. Le colonel dont la longévité du pouvoir est inscrite dans le Guinness a un plan “suicidaire” consistant à faire sauter la capitale Tripoli, a affirmé, jeudi, l'émissaire du Kremlin pour ce conflit, Mikhaïl Marguelov. “Le premier ministre libyen m'a dit à Tripoli : si les rebelles prennent la ville, nous la couvrirons de missiles et la ferons sauter”, a déclaré le diplomate qui s'est rendu en Libye le mois dernier. Marguelov, représentant du président russe pour l'Afrique, avait effectué le 16 juin un voyage à Tripoli lors duquel il avait rencontré divers membres du régime libyen, dont le chef du gouvernement Baghdadi Mahmoudi, mais pas Kadhafi. Il s'était précédemment rendu à Benghazi, le fief des rebelles dans l'est de la Libye, dans le cadre d'une tentative de médiation de la Russie. L'envoyé spécial de Medvedev a émis des doutes sur l'hypothèse selon laquelle Kadhafi serait à court de munitions. “Tripoli peut manquer de munitions pour les tanks et les armes légères, mais le colonel a des missiles et des explosifs en quantité”, a-t-il expliqué. Et le Russe sait de quoi il parle quant il dit Kadhafi n'a pas utilisé un seul missile sol-sol et qu'il en a beaucoup. La Russie a été le premier pourvoyeur d'armes et de munitions de Kadhafi. Mais la grande révélation de Marguelov reste la confirmation de la mise à l'écart de Kadhafi dans les négociations qui vont incessamment s'ouvrir sur la fin du conflit. Et, aujourd'hui, tout porte à penser qu'est identifiée cette partie pragmatique du régime avec laquelle le dialogue est possible. Le Premier ministre de Kadhafi a, semble-t-il, pris suffisamment de pouvoir pour annoncer publiquement être prêt à des négociations avec les insurgés et sans la présence de Kadhafi, même indirecte. À l'issue d'entretiens mercredi à Washington avec le président Barack Obama et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, le ministre russe des AE, Sergueï Lavrov, a répété la position de Moscou selon laquelle il faut “entamer le plus vite possible un processus politique” en Libye. Moscou s'était abstenu avec la Chine lors du vote au Conseil de sécurité de la résolution 1973 qui a permis l'intervention occidentale et a vivement dénoncé les conditions de sa mise en œuvre, tout en appelant au départ du colonel Kadhafi. Le “groupe de contact” sur la Libye se réunit lundi dans la seconde ville turque. Ce groupe rassemble derrière les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne, les Etats membres de l'OTAN et des pays arabes impliqués dans le conflit. La communauté internationale commence à envisager l'après-Kadhafi. Il va partir et la réunion d'Istanbul devrait faire le point et préparer cette transition, a déclaré un proche de la secrétaire d'Etat. Washington souhaite connaître plus précisément sa stratégie pour ouvrir la voie à des élections démocratiques et pour rassembler aussi largement que possible. L'OTAN, la Ligue arabe, l'Union africaine et le Conseil de coopération du Golfe seront également représentés à Istanbul. La Chine, par contre, a fait savoir jeudi qu'elle ne participerait pas à cette réunion en raison de ses interrogations persistantes au sujet du mode de fonctionnement du groupe de contact.