Le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, a réagi jeudi aux déclarations de Me Ksentini à propos de l'abus dans la détention préventive. “La détention préventive est une mesure exceptionnelle relevant du pouvoir discrétionnaire du juge, notamment du juge d'instruction”, a déclaré le ministre à ce propos en répondant aux sollicitations de la presse. Aussi et tout en indiquant que “parmi les accusations dirigées à la justice, l'exagération dans la détention préventive qui reste en fin de compte une mesure exceptionnelle relevant du pouvoir discrétionnaire du juge”, le ministre a noté que “nous œuvrons tous à ce que les magistrats s'acquittent de leur mission et respectent la loi, loin de toute manœuvre ou pression et par conséquent ces derniers sont libres de prononcer, en fonction du dossier qu'ils ont entre les mains, les verdicts qu'ils jugent appropriés”. Le ministre, qui expliquera que “ceux qui rejettent les verdicts des juges concernant la détention préventive doivent opter pour les voies de recours légales”, notera cependant que “la justice en Algérie n'a pas encore atteint la perfection, car la réforme n'est pas un objectif en soi, mais une aspiration renouvelée qui nous a permis d'accomplir plusieurs réalisations”. il faut dire que récemment, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a interpellé, dans son rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Algérie, le chef de l'Etat sur la détention préventive et son usage “abusif et systématique”. La détention préventive est une “grande faiblesse de notre système judiciaire”, dira Ksentini sur cette question. Alors que le ministère donne un taux de 11% des personnes en détention par rapport à la totalité des détenus, Me Ksentini, lui, indique que ce taux est “beaucoup plus important et représente au moins le tiers des prisonniers.” “La loi nous permet de nous débarrasser de cet abus et ce n'est qu'à ce moment-là que la justice peut se targuer d'être irréprochable”, a noté le président de la commission consultative, avant d'ajouter que la détention préventive “fait des dégâts dans les foyers et des familles entières se sont écroulées à cause d'elle”. Selon cet avocat, cette situation “est dramatique et nécessite absolument d'être revue”. “Si on apporte des corrections avec un peu de bon sens et de bonne volonté, l'Algérie peut devenir un Etat extrêmement propre en matière des droits de l'homme”, a noté Me Ksentini.