Le défi rencontré par l'Algérie en termes d'emploi nécessite des taux de croissance de 7 à 8%. Le président du Forum des chefs d'entreprises invité, hier, du forum organisé par Algéria-Invest à Alger, est convaincu que notre pays “est en mesure de réaliser ce type de performance”. Malheureusement, “on s'y prend mal collectivement”, a-t-il regretté, indiquant que tous les experts, qui s'intéressent à l'Algérie, “ne comprennent pas comment notre pays avec tous les atouts dont il dispose n'arrive pas à faire mieux”. Le président du FCE estime anormal que plus de 80% de nos besoins alimentaires, plus de 70% de nos besoins en médicaments et plus de 80% des besoins de fonctionnement de notre appareil industriel sont importés. Réda Hamiani a laissé entendre que c'est l'ensemble du système de gestion de l'économie algérienne qu'il convient de réformer pour faire face à la contrainte majeure à laquelle notre pays sera certainement confronté au cours des dix prochaines années, à savoir celle de la diversification de notre économie et de la sortie progressive de son addiction aux hydrocarbures. La faiblesse majeure de la gestion de notre économie au cours des vingt dernières années est celle d'avoir vu s'accroître le poids du secteur des hydrocarbures, lequel est passé de 28% du PIB en 1990 à plus de 45% aujourd'hui. Le contrepoint de cette dépendance excessive à l'égard de la rente des hydrocarbures est celui de la dépendance extérieure insupportable dans laquelle l'Algérie se trouve aujourd'hui prisonnière. Pas plus loin qu'avant-hier, les douanes ont relevé que les importations algériennes de produits alimentaires ont enregistré durant le 1er semestre 2011 une progression de plus de 59%, tirée à la hausse essentiellement par les céréales dont les achats ont augmenté de plus de 99%. Les récentes augmentations de salaire, qui ne trouvent pas leur contrepartie en production locale, expliquent en partie l'envolée des importations. Il faut savoir que chaque hausse de salaire se traduit inévitablement par une augmentation du recours à l'importation. Le président du FCE s'est félicité du dialogue enclenché, sur un certain nombre de questions économiques avec les pouvoirs publics, suite à la tripartie, avec comme ligne de mire le souci que l'entreprise évolue dans un climat “plus facile”. Pour autant, Réda Hamiani revendique un dialogue pérenne entre les représentants des administrations économiques et des représentants des entreprises. L'économie de marché est, dans son essence, une économie de dialogue. Le président du FCE pense que “cette politique va donner de bons résultats”, sans donner d'autres détails, indiquant “qu'il n'y a pas encore de décisions concrètes arrêtées”. C'est qui est bien, selon M. Hamiani, c'est que l'administration “exprime une capacité d'écoute et qu'elle juge, également, très pertinentes et bien fondées les propositions des organisations patronales”. Le président du FCE a relevé une reprise des investissements au cours du premier semestre 2011, qui correspond à un contexte favorable au double plan : le marché est dopé par une demande supplémentaire. Par ailleurs, les nouvelles mesures concernant le foncier et l'accès au crédit favorisent la création d'entreprises. M. Hamiani a évoqué la radiation, durant les derniers mois de 180 000 entreprises du registre du commerce, après l'entrée en vigueur des nouvelles mesures facilitant les radiations. Mais le problème ne réside pas dans le taux de mortalité des entreprises mais dans le rythme de nouvelles créations. En Algérie, on crée 70 entreprises par an pour 100 000 habitants, quand les voisins créent 350 entreprises par an pour 100 000 habitants. Le président du Forum des chefs d'entreprises se dit contre les subventions des produits. “C'est un non-sens de subventionner des produits au stade final, c'est-à-dire à la consommation”, a-t-il jugé. Du point de vue éthique, M. Hamiani trouve ces subventions “injustes, parce qu'elles ne sont pas ciblées en faveur des déshérités et de ceux qui en ont besoin”. C'est une subvention qui profite aux riches, comme aux pauvres. Elles favorisent, également, le phénomène de la contrebande aux frontières. “Elles ne sont, surtout, pas bonnes car elles démoralisent le producteurs”, renchérit le président du FCE, plaidant pour “une subvention à la source, aux producteurs de façon à augmenter l'offre”. “Nous prenons le problème par le mauvais bout parce que nous sommes pressés à cause des malaises sociaux, à cause de cette paix sociale que le gouvernement veut acheter”, a indiqué M. Hamiani, estimant que “le gouvernement rend un mauvais service à l'économie”. Le président du Forum des chefs d'entreprises se dit “intimement convaincu que pour que toutes les réformes à caractère économique réussissent ou soient applicables, il faut des préalables politiques dans ce pays”.