Mais par-delà les accusations sur lesquelles la justice égyptienne aura toute la latitude de se prononcer dans les semaines et les mois qui viennent, le procès du clan Moubarak, c'est aussi celui de toutes les dictatures arabes. Celles déchues et celles qui tiennent encore les rennes. L'image est forte. Elle est inédite aussi : un président ramené sur une civière posée dans un box grillagé. Et quel président ? C'est Hosni Moubarak, pardi ! Le dernier des pharaons, comme le qualifie la presse cairote, pour insister sur son omnipotence quasi divine. Par le passé, on a vu défiler à la barre des potentats, des dictateurs, des autocrates. Mais leurs procès n'ont rien à voir avec celui de Hosni Moubarak, tant sa charge symbolique et émotionnelle est forte. Qui l'aurait cru ? Un tel scénario était tout simplement impensable, il y a encore six mois. En janvier et, face aux réticences grandissantes que soulevait la perspective de succession dynastique de son fils Gamal, il n'écartait pas la possibilité de briguer un autre mandat de sept ans. À 83 ans ! C'est dire son attachement maladif à s'agripper au pouvoir coûte que coûte. Grandeur et décadence. Un proverbe qui trouve plus que jamais la plénitude de sa signification, l'opprobre qui frappe aujourd'hui Moubarak et son clan, réunis hier, non plus dans un palais au bord du Nil, mais dans un box des accusés. Tels de vulgaires malfrats qui doivent répondre de leurs crimes. Mais par-delà les accusations sur lesquelles la justice égyptienne aura toute la latitude de se prononcer dans les semaines et les mois qui viennent, le procès du clan Moubarak, c'est aussi celui de toutes les dictatures arabes. Celles déchues et celles qui tiennent encore les rennes. Pour combien de temps encore ? En voyant l'arrogant raïs rejeter pitoyablement les charges retenues contre lui, beaucoup de ses semblables du Maghreb et du Golfe doivent se poser cette même question. Ce procès historique, quelle que soit son issue future, marque par ailleurs une véritable rupture dans les rapports entre pouvoir politique et la justice qui, pour l'occasion, retrouve son autonomie. Sa dignité. Et c'est en cela que ce procès est exemplaire aussi en espérant qu'il fera boule de neige dans tous les pays arabes pour que le cycle historique des dictatures ubuesques soit définitivement clos. Et que les printemps politiques fleurissent dans tous les pays arabes.