Une seule thématique. Trois approches avec des regards qui ne se croisent pas mais qui se superposent. Une envie commune : faire du cinéma. “La vie est une échelle, les uns montent et les autres descendent” (proverbe bulgare). C'est autour de cette thématique, généraliste d'ailleurs, que trois jeunes réalisateurs – Ahmed Nazim Larabi, Nassim Boumaïza et Souad Douidi – ont projeté mardi passé, à 21h30, leurs courts métrages, à la Cinémathèque d'Alger. Ils en sont à leurs débuts avec une volonté d'investir le monde du 7e art en Algérie. Mataha (errance) de Larabi Ahmed Nazim, un étudiant de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle (Ismas), met en scène un jeune homme (Idir Benaïbouche) au carrefour de la vie (la sienne). Il est dans une pièce sombre, voire glauque. Tourmenté, il ne cesse de bouger comme un lion dans une cage. Des portes l'entourent. Chaque fois, il en ouvre une. Ce sont les grands moments de sa vie qu'il revoit : sa soutenance, le décès de sa mère, les démarches pour l'obtention d'un travail, ses déboires amoureux, la jeunesse perdue, envasée dans les fléaux sociaux (délinquance, drogue...), etc. De toutes ces portes qu'il franchit, une seule s'ouvre à lui, celle de la décision finale. Un film exercice académique, d'une dizaine de minutes, réalisé dans le cadre du projet de fin d'études, mettant en application les acquis tout au long du cursus estudiantin. RDV de Nassima Boumaïza, sa première expérience, est un film court, très court même, à peine trois minutes et quelques secondes, qui raconte le rendez-vous du jeune Djemmy avec une fille qu'il connaît sur Internet (un site communautaire). Un rendez-vous qui est un flop, que Djemmy travestit en réussite, et même plus. Le tout est raconté avec un humour au second degré, selon le regard du réalisateur. Une idée intéressante, mais qui n'est pas très développée. Très court, le film nous laisse sur notre faim. À peine le temps de se concentrer que c'est déjà la fin. Dans le genre burlesque, RDV aborde avec rapidité la drague à la sauce algérienne. Une succession d'images, comme des flashs. Le troisième et dernier film de la soirée est l'Essoufflement de Souad Douidi, une vidéaste et cinéaste, mais également plasticienne. Son film (qu'elle qualifie d'expérimental) a été réalisé dans le cadre d'une résidence à Jijel initiée par l'association Chrysalide l'année dernière. Gravitant autour du sujet de l'absence, l'Essoufflement nous plonge dans un univers où le contraste est omniprésent. Il traduit un sentiment personnel, celui de la réalisatrice mais avec cette liberté d'interprétation et/ou de compréhension. Le silence – que vient interrompre le clapotis des vagues – demeure l'élément essentiel du film. Comme une musique, il installe la trame. Les images sont belles, et l'on décèle le souci de l'esthétique dû à l'influence des arts plastiques. Si ces films sont sujets à critique – pour mieux avancer – il est néanmoins à préciser que les trois réalisateurs ont su mettre en images leur sujet. À eux trois, ils ont proposé des regards divers sur la vie où la remise en question est perceptible, certes à des degrés différents, mélangeant humour et drame. Avec de la persévérance et surtout de la recherche et du travail, leurs prochaines productions pourraient donner un résultat meilleur. Car au-delà de la passion, il faut le talent – ils en ont – et surtout de l'ingéniosité et de la créativité.