Afin d'éviter une déclaration d'indépendance unilatérale des Palestiniens, l'Etat hébreu accepterait des négociations sur la base des frontières de 1967 ! Le projet palestinien, soutenu par la Ligue arabe et de nombreux autres pays de par le monde, visant à obtenir une reconnaissance internationale de leur territoire auprès de l'ONU dès le mois de septembre prochain, contrarie les autorités israéliennes. L'Etat hébreu a donc ainsi fait savoir, ce lundi, qu'il était prêt à négocier avec les Palestiniens, sur la base des frontières de 1967, si les Palestiniens renonçaient à formuler leur candidature aux Nations unies... Une manœuvre de plus de la part d'un pays qui a toujours foulé et dans l'impunité la plus totale, les résolutions de la communauté internationale. En réalité, la concession israélienne serait, selon un responsable de Jérusalem sous le couvert de l'anonymat, le fruit de pressions des Etats-Unis, en première ligne dans les négociations de paix israélo-arabes. Des efforts, a ajouté ce haut responsable, soutenus, en l'occurrence par la Russie, l'Union européenne et l'ONU. Pour les Palestiniens, revenir aux frontières telles qu'elles étaient établies en 1967 est depuis toujours un préalable à un accord de paix global avec Israël. Le négociateur palestinien, Saëb Erakat, a demandé au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, “d'annoncer lui-même au monde et aux médias son accord pour que les frontières de 1967 soient la référence des négociations et pour un arrêt total de la colonisation des territoires palestiniens, y compris à Jérusalem-Est”. Sa demande était mercredi en attente. Pour le président de l'Autorité palestinienne, le temps des palabres semble donc révolu. Mahmoud Abbas avait fini par affirmer “qu'il est trop tard pour les négociations, il n'y a plus de temps, nous allons à l'ONU”. Les frontières palestiniennes, telles qu'elles étaient tracées en 1967, comprenaient l'ensemble de la Cisjordanie, la bande de Gaza... et Jérusalem-Est. Alors, faut-il accorder du crédit pour l'annonce israélienne, s'agissant surtout de négociations sur la base des lignes de 1967, comme l'a préconisé le président américain Barack Obama ? De prime abord, Netanyahu n'a pour souci que d'éviter une gifle à l'ONU où plus de 120 Etats se sont dit prêts à reconnaître l'Etat de la Palestine ? Mais, un fait nouveau s'est inscrit sur la scène israélienne. Netanyahu est en quelque sorte le dos au mur. Au plan international, il a constaté que l'idée de Mahmoud Abbas de faire appel à l'Assemblée générale de l'ONU était sur la bonne voie, l'Amérique latine a adhéré au projet et en Europe, des pays ont fait savoir aux Israéliens que leur corde était plus que raide. Et puis, ce qui a également pesé dans la concession de Netanyahu, la menace supplémentaire de voir une partie de ses concitoyens importer chez eux le “printemps arabe”. Depuis la mi-juillet, des manifestants qui dénoncent la hausse effrénée du prix des logements se sont installés dans des centaines de tentes le long du boulevard Rothschild, dans un quartier huppé de Tel Aviv. Le mouvement s'est ensuite étendu dans d'autres villes. Samedi, quelque 150 000 manifestants ont défilé à Tel Aviv et dans d'autres localités. Ce mouvement qui exprime la colère des jeunes et des classes moyennes serait soutenu par plus de 80% des Israéliens, selon un sondage. Le scénario du Moyen-Orient se joue à Washington où il est rappelé qu'Obama avait revu à la baisse son exigence de négociations sur la base des frontières de 1967, lors de son allocution le 22 mai devant l'AIPAC, le principal lobby pro-Israël aux Etats-Unis. Obama, qui n'était pas à son premier volte-face sur la question palestinienne, y avait souligné que les deux parties négocieraient “une frontière qui sera différente de celle qui existait le 4 juin 1967”. Une rectification qui a soulagé Netanyahu qui se dit prêt à la reprise des négociations sur la base des changements survenus en 44 ans, y compris les nouvelles réalités démographiques sur le terrain et les besoins respectifs des deux bords, en référence aux blocs de colonies qu'Israël compte annexer en cas d'accord de paix. Pour autant, les Palestiniens, prudents, préfèrent considérer l'ouverture israélienne comme la continuation du cycle de relations publiques et médiatiques dans lequel Netanyahu est passé maître. Faute de perspective sérieuse de reprise des négociations de paix avec Israël, enlisées depuis dix mois, les Palestiniens comptent bien demander à l'ONU l'admission d'un Etat de Palestine lors de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies en septembre.