Rencontré à Oujda, en marge du Festival international du raï, l'interprète du tube Ouled Horma revient dans cet entretien sur ses dernières déclarations, sur l'avenir de la musique raï et sur les reproches qui lui sont adressés par ses détracteurs. Liberté : Vous avez fait un tabac lors de la soirée d'ouverture du Festival d'Oujda. Vous avez un réel public au Maroc… Cheb Bilal : “El Hamdoullah” ! Ça a toujours été comme ça à Oujda et à travers tout le Maroc. Avec tout cet impressionnant public et la parfaite communion qui y régnait, je me sentais chez moi. J'espère qu'avec ma prestation, j'ai honoré mon pays et le raï, comme je le fais partout dans le monde, d'ailleurs. Vous avez pris part au Festival de la chanson raï de Sidi Bel-Abbès, mais également à celui d'Oujda. Selon-vous, y a-t-il une différence entre ces deux festivals ? Le festival d'Oujda est une occasion pour les artistes marocains et surtout les jeunes talents pour qu'ils s'affirment et se confirment dans le raï. De plus, il est devenu un rendez-vous couru par les grandes stars internationales de ce genre musical et qui favorise l'échange entre le Maroc et l'international. Quant au festival de la chanson raï de Sidi Bel-Abbès, j'ai constaté qu'il était très bien organisé, c'est toujours les meilleurs chanteurs qui y participent, et à l'issue de chaque édition il y a des jeunes talents qui émergent, et c'est ce qui importe le plus. Vous avez, cependant, refusé de participer cette année au Festival du raï de Sidi Bel-Abbès, en déclarant : “Je ne chanterai plus à Sidi Bel- Abbès.” Pourriez-vous nous expliquer les raisons ? Vous faites bien d'évoquer cette histoire. C'est faux ! Je démens formellement ce qui a été rapporté par voie de presse à ce sujet. Je n'ai jamais dit que je ne chanterai plus à Sidi Bel-Abbès. Et je suis prêt à chanter, à n'importe quel moment, à Sidi Bel-Abbès. Je suis Algérien et j'aime toutes les villes d'Algérie. Certes, en 2009, je fus gratuitement sifflé par le public et d'ailleurs, vous étiez présent et l'aviez même rapporté le lendemain dans votre article. Sincèrement, cela m'a fait très mal au cœur, surtout de la part d'un public que j'aime beaucoup. Ne pensez-vous pas que cette réaction du public est une réponse à votre chanson contre cheikh Naâm ? Je vais être franc avec vous pour clore définitivement cette histoire qui est à mon sens un faux problème. Personnellement, je n'ai aucun problème avec cheikh Naâm à qui je dois beaucoup de respect. Je ne l'ai jamais critiqué dans mes chansons. Par contre, lui il a fait et il m'a touché personnellement, mais je ne suis pas rancunier. Avant le festival de Sidi Bel-Abbès, même cheb El Hendi avait déclaré qu'il ne chantera plus à Oran, pour un problème de cachet… C'est son problème, mais je sais bien qu'il me visait personnellement. Il pouvait refuser de participer s'il n'était pas satisfait du cachet. Vos chansons font souvent l'objet de critiques, car on estime que vous chantez toujours les mêmes sujets, à chaque nouvel album. Qu'en dites-vous ? Que voulez-vous que je fasse, c'est un style propre à Bilal et il plait à des milliers de fans. Pourtant, je ne chante pas bien car je n'ai pas la voix de Khaled. Je n'ai que les paroles. Je ne chante pas Rodjala (ndlr : le machisme), comme le pensent certains, car je n'ai jamais fait de prison, je ne me suis jamais bagarré avec personne, je ne fume pas, ne bois pas d'alcool, et je n'ai jamais chanté dans un cabaret. Il est incontestable que le raï jouit d'une grande notoriété, et ce dans le monde entier. Pourtant, beaucoup reprochent à cette musique les paroles malsaines et plus ou moins vulgaires. Ne pensez-vous pas que c'est le moment d'assainir les paroles ? Il n'y a jamais eu de crise de paroles ni de paroliers comme le prétendent certains. C'est un problème d'éducation et à ce sujet, le public n'est pas dupe. Il sait faire la différence entre le bon et le mauvais. Je pense que ceux qui optent pour ce genre de paroles, avec le temps — et ne vous en faites pas — ils disparaîtront de la scène.