Le public a été au rendez-vous, lundi soir, à la kheima de la Médina de la Radio algérienne & Nedjma. Au programme, une double activité dédiée à la musique gnaoui. En premier, la projection du documentaire, aux environs de 23h45, Tagnawittude, de la réalisatrice Rahma Ben Hamou El Madani. Un film dans lequel elle tente de percer et le secret de la musique gnaoui et les rites qui se pratiquent selon des codes biens définis. C'est, entre autres, l'évolution de cette musique qui est montrée à travers des témoignages d'artistes adeptes de cette musique et des “maâllem”. Après cet intermède documentaire, place à la chanson avec Aziz Maysour et sa nouvelle formation Gnawa Mogo. Un maâllem venu du Maroc et non des moindres. Il était également membre de la formation Gnawa diffusion avant la séparation. Il était presque 1h du matin quand Aziz Maysour et ses musiciens entament un “istikhbar” (prélude). Le son du guembri se diffusait dans la kheima, telle une complainte pure, enveloppée par le bruit du karkabou, présent en force. L'entame du concert a été avec El Hadiya, une reprise du répertoire de Gnawa diffusion. Rythme lent, une “mise en bouche” pour permettre à l'assistance d'entrer “dans la danse”, comme on dit. Les chansons se suivent. Le rythme s'accélère. L'ambiance monte non pas d'un cran mais de plusieurs. La vitesse de croisière est atteinte. Reprises d'anciens tubes de l'ex-groupe Gnawa diffusion et des chansons du diwan gnaoui, tel a été le répertoire interprété par Aziz Maysour Gnawa Mogo. D'une voix suave et rauque – un peu cassée par la mauvaise qualité du son qui a réduit sensiblement de la qualité du spectacle –, le chanteur a su créer cette magie propre aux “hadras” gnaouies, ponctuées d'incantations installant un climat de spiritualité. Malgré une bonne prestation, Baba Hamouda (version marocaine), El Ganouia, Barki Liya ou Baba Mimoun n'ont pas eu les faveurs de l'assistance qui, pourtant, montrait des signes de contentement. Mises à part trois ou quatre personnes qui n'ont pus se retenir d'envahir la piste de danse, le reste des présents s'est contenté de suivre le concert de sa place.