Une conférence des donateurs pour l'Irak, où sont attendus 58 pays et 19 organisations internationales, s'ouvre aujourd'hui à Madrid pour deux jours, avec l'ambition de créer un cadre économique permettant la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre. Elle doit être inaugurée jeudi par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et le président de la Banque mondiale, James Wolfensohn. Les besoins cumulés de l'Irak après la guerre du Golfe (1991), la guerre américano-britannique lancée en mars 2003 sans l'aval de l'ONU, 20 ans de dictature et 10 ans de sanctions internationales ont été évalués à environ 56 milliards de dollars sur 2004-2007, dont 17,5 pour 2004. Les besoins de l'Irak, pays aux immenses ressources pétrolières, occupé par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont été estimés par la Banque mondiale et l'ONU à 35,8 milliards de dollars pour 14 secteurs prioritaires (dont infrastructures, santé, éducation, emploi, agriculture, ressources hydrauliques) et à près de 19,44 milliards de dollars par l'Autorité provisoire de la Coalition (APC) pour d'autres secteurs clefs comme la sécurité, l'industrie pétrolière ou l'environnement. Toutefois, les organisateurs de la Conférence ainsi que la Banque mondiale n'attendent qu'un financement partiel de ce montant, en espérant "une contribution significative de l'économie irakienne" et notamment de son industrie pétrolière, lorsque la sécurité sera rétablie. En organisant cette conférence internationale, sous surveillance de 5 000 policiers, le gouvernement espagnol de José Maria Aznar se voit récompensé pour son alignement sur l'administration américaine dans la guerre contre l'Irak, malgré l'opposition largement majoritaire de son opinion. Le commissaire espagnol pour la reconstruction de l'Irak, Fernando Diez Moreno, a cependant déclaré que la conférence est avant tout "une opportunité pour que les pays puissent s'engager en Irak, et puissent s'informer" et qu'elle "n'a pas d'objectif financier chiffré". Les pays donateurs ne semblent pas se bousculer pour répondre à l'appel à la générosité lancé notamment par le secrétaire d'Etat, Colin Powell, qui sera à Madrid. Les pays qui ont soutenu sans ambages l'intervention militaire américano-britannique lancée en mars sans l'aval de l'ONU et l'occupation de l'Irak se sont montrés les plus décidés. Les engagements pris par les Etats-Unis eux-mêmes (un total de 20 milliards dont la moitié pourrait n'être que des prêts), le Japon avec 1,5 milliard de dollars en dons pour 2004, puis 3,5 milliards pour 2005-2007 essentiellement sous forme de prêts, le Royaume-Uni (910,6 millions de dollars d'avril 2003 à mars 2006) ou l'Espagne (300 millions de dollars pour 2003-2007), le Canada (220 millions de dollars pour 2003-2008) et l'Union européenne (233 millions de dollars pour 2004), sont loin d'atteindre les besoins estimés. Les délégués des autorités irakiennes intérimaires et des 58 pays participants aborderont aujourd'hui les 14 secteurs identifiés par la Banque mondiale et l'ONU ainsi que ceux identifiés par l'APC. La Conférence ministérielle, inaugurée par M. Aznar, se déroulera vendredi et chaque pays sera invité à annoncer sa contribution. L'un des résultats concrets à attendre des débats sera la création d'un fonds multilatéral (Donors Trust Fund) qui sera géré par la Banque mondiale et les Nations unies.