Un vieil adage algérien dit : “Si un Algérien se fait ensorceler, il demande de l'aide à un habitant de Béchar. Quand l'Algérien se fait ensorceler par une Bécharienne, alors, il s'adresse à Dieu.” Le dicton disait vrai, mercredi dernier à Kheïmetkoum, le public a été envoûté par le groupe Essed de Béchar. Une entrée magistrale et surprenante a été réalisée par les sept membres du groupe. En l'espace de deux heures, les spectateurs ont été transportés vers les plateaux sahariens. Munis de leurs instruments, les sept membres du groupe ont réveillé le diable en chaque personne avec la fusion des sons et des rythmes. Des sonorités gnawi influencées de Ness El Ghiwane, Jil Jillala et Lemchaheb, ont donné un beau mélange des styles. La particularité de cette formation est la place du Maâlem (chanteur qui mène avec son goumbri) qui n'est que Lahcen Baztane aux percussions. Dès la première note, Essed a enflammé la scène de Kheïmetkoum, avec des tubes issus du Diwane. Les rythmes du goumbri, karkabou, mandole avec une touche de batterie proliféraient des sons hypnotiques. Leurs compositions débutaient doucement, au ralenti, la cadence montait légèrement crescendo pour atteindre le summum. Au début, le public était réticent, il applaudissait et appréciait la musique tranquillement en sirotant du thé. Au milieu du concert, le moment propice tant attendu était venu. Le morceau incontournable de musique Diwane qui fait fureur a été interprété par Essed. En effet, la foule se bouscule vers la piste pour danser et se défouler sur “Benbouziane”. La version intégrale et originale a allumé le feu. Une excitation générale a envahi le chapiteau grâce à une interprétation divine. Pour rappel, la formation Essed a été la première à reprendre ce titre en 1977. D'ailleurs, elle a provoqué un délire énorme chez les jeunes et moins jeunes. Cette euphorie, provoquée par cette chanson, a duré tout au long de la soirée. L'assistance a continué à se déhancher jusqu'à 1 heure du matin sans répit. Le groupe a fait la joie de plusieurs personnes en interprétant leurs plus grands tubes Tayara, (l'avion). Un titre paradoxal, il procure la bonne humeur par sa musique et génère la mélancolie et la tristesse par ses paroles qui évoquent la mort d'un être cher. Le show a été clôturé par Ya Ini, qui a fait bouger le public jusqu'à la dernière note.