Il ne s'agit plus d'un ensemble de versets, mais d'une véritable fresque théâtrale ayant pour scène la place de la Kaâba opposant des acteurs de choix. Ca devient beaucoup plus agréable à suivre. Qu'on en juge : le premier volet de sourate El Forqane qui renferme onze réponses, aux dires des mécréants, peut être approché en onze scènes réellement vécues, rapportées par cette sourate. Il y a : - Les lieux et les acteurs : 1- Le cercle des dignitaires koraïchite, où l'on se réunissait presque chaque soir pour se gargariser autour d'un repas et de parties de danses et de chants et surtout suivre les nouvelles de leur ennemi juré, le Prophète et les croyants de plus en plus nombreux, en devenant un sujet d'inquiétude. 2- Le cercle des premiers compagnons, que Dieu les agrée, qui se réunissaient, notamment à la maison d'El Arkam où le Prophète (QSSSL) rassemblait ses compagnons pour leur apprendre les versets et transmettre les dernières nouvelles du Ciel. 3- La place centrale de la Kaâba, où des compagnons allaient faire entendre le Coran aux gens qui venaient, soit adorer leurs dieux en faisant des sacrifices, soit en badauds. 4- À ces acteurs très mobilisés d'un côté comme de l'autre, il faut la présence divine qui assurait l'essentiel en ajoutant un suspense inédit. 5- L'Ange Jibril (sur lui le Salut) qui transmet les versets au Prophète (QSSSL). - Le déroulement de la pièce en plusieurs scènes se passe ainsi : Ce n'est pas du surréalisme ou fruit de l'imagination, mais de scènes réelles qui sont contenues dans la sourate qu'on peut vérifier, vivre et revivre en l'ouvrant simplement, pourvu qu'on soit éclairé par le schéma de lecture : 1. Tout débutait en soirée chez le cercle fermé des dignitaires qui, après s'être concertés et échangés des points de vue, faisaient des déclarations et prenaient des positions pour contrer l'action du Prophète (QSSSL). Ils croyaient être en sécurité et que personne ne les écoutait pour aller mettre en exécution leurs décisions prises. 2. Dieu qui voyait tout et écoutait tout, informa, la nuit même, le Prophète des dires des mécréants, de ce qui se tramait contre lui en lui révélant par l'intermédiaire de l'Ange Jibril et les dires et la réponse sous forme de versets. 3. Le Prophète (QSSSL) rassembla dès l'aube ses fidèles pour leur annoncer les nouvelles en leur communiquant les versets sur ce qui s'était dit et décidé la veille par les chefs mécréants, accompagnés de la réponse pour dévoiler leurs agissements et casser leur prétention. 4. Les compagnons, ainsi instruits, choisissaient le bon moment pour faire entendre la réponse en allant lire à haute voix sur la grande place de la Kaâba les versets révélés sur les dires des mécréants et leur calcul, prononcés la veille dans leur cercle intime. 5. Les mécréants, à l'écoute des croyants, se précipitèrent de ramener à leur tour la réaction du Ciel à leurs chefs, regroupés dans leur cercle. Et ça repart ainsi de nouveau dans un jeu, ou plutôt dans une série de pièces théâtrales pleines de suspense, qui ne semble ne pas finir jusqu'au onzième dire ou tractation, chaque fois, suivi de la réponse divine, pour les mécréants du “prétentieux Mohammed, pris dans ses folies de grandeur”, non seulement dévoilant leur intimité au grand jour, mais en leur répondant de la belle façon. Les mécréants auraient bien dû douter de la véracité de la réponse proprement divine, venant de Dieu, le Dieu de Mohammed, le vrai et non de celui-ci, incapable à lui seul de percer leurs barricades et leur intimité en plus des arguments de base qui leur avaient été présentés pour les ramener à la raison. Toutes les réponses formulées étaient propres, directes, claires, appuyées et jamais entachées du moindre déplacement. Cela reste un modèle de comportement et d'inspiration dans les relations intercommunautaires.Malgré cela, ils restèrent têtus et encore une fois jusqu'au-boutisme en tournant le dos à la main tendue du Miséricordieux. En lisant ou en feuilletant les onze chapitres développés dans le livre de Hanbaka sur sourate El Forkane, l'on se sent en plein dans la sourate, loin de l'exercice fatigant de répétitions à l'infini avec des résultats pas toujours probants, en suivant avec engouement et intérêt les passages d'une scène à une autre pour revivre le récit extraordinaire ramené par sourate El Forqane sur le Coran et l'attitude des mécréants d'un côté et celle des gens de la Miséricorde de l'autre. Le reste n'est qu'un remplissage des cases. Il s'agit bien de dégager la meilleure forme possible pour mieux approcher le fond. Cela frappe des esprits et dérange bien des certitudes qu'on croyait durables. Son apprentissage devient un vrai plaisir en admirant tant la beauté que la forme du texte et non une corvée pour tenter de maîtriser un assemblage de textes confus et sans fin. Grâce à la méthode, disait feu Mokhtar Haider, notre cher ami, rappelé à Dieu cette année, et néanmoins grand connaisseur, notamment en économie, en communication et en pédagogie, non sans laisser un grand vide, on peut descendre une montagne. Dans ce cas, elle révèle des trésors cachés. Que Dieu ait son âme en ce mois sacré ! (A suivre) S. B. Email : [email protected]