La violence fondée sur le genre associé, selon les Nations unies, se définie comme étant “tous les actes de violence dirigés contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée” (résolution 48/104 de l'ONU de 1993). En Algérie, les développements législatifs, institutionnels et politiques récents reflètent l'intention du gouvernement algérien d'honorer avec “diligence” ses obligations en matière de promotion et de protection des droits des femmes. Ce constat a été fait en juin dernier par la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence à l'égard des femmes, Mme Rashida Manjoo, lors de la 17e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme. Selon elle, les réformes législatives (code de la famille, code de la nationalité et code pénal) et les développements institutionnels (Cncppdh, services du ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine et le Conseil national chargé de la famille) peuvent contribuer à éliminer les inégalités entre les hommes et les femmes. En d'autres termes, des progrès restent à faire. Pendant la dernière décennie, des enquêtes, études et recherches ainsi que des campagnes de sensibilisation et de plaidoirie ont été engagées par l'Institut national de santé publique (INSP), des associations, des centres de recherche et/ou des institutions, dans le but d'approcher le phénomène de violence à l'égard des femmes qui, d'après les professionnels, a pris la forme d'une “pandémie”. Ces actions ont contribué à rendre plus visible un fléau jusque-là tabou. Elles ont en outre confirmé que le phénomène de violence contre les femmes et les filles est au fondement du système de domination patriarcale, légitimé par le code de la famille. Un texte à l'origine de drames quotidiens, qui détruisent à la fois les individus, les familles et les liens sociaux. Malgré la volonté politique affichée en Algérie et en dépit de l'élaboration par les autorités d'une stratégie de lutte contre les violences à l'égard des femmes, les moyens dont disposent les pouvoirs publics et les associations de femmes pour lutter contre les diverses formes de violence ne sont pas à la hauteur de la gravité de la situation. De plus, le “durcissement de la législation” en direction des auteurs d'agressions ou de harcèlements, pourtant recommandé par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), tarde à s'opérer. Résultat : beaucoup de femmes vivent encore le calvaire. En février dernier, un groupe d'associations (Réseau Wassila, Femmes du printemps noir, Djazaïrouna, Association de défense des droits des femmes, etc.) et des individualités (syndicalistes, militants des droits de l'homme et démocrates) ont créé un Observatoire de surveillance des violences faites aux femmes (Ovit). D'après ses promoteurs, il s'est imposé en 2010, après “la énième” agression contre des travailleuses à Hassi Messaoud, une ville pétrolière pourtant hautement surveillée. Pour l'Ovit, les violences dont sont victimes des travailleuses et les femmes en général doivent s'inscrire “dans le cadre du droit des citoyennes à avoir une vie digne et sûre”.