Le secteur sportif, surtout le football, jouit d'apports financiers émanant de différents opérateurs économiques. Qu'en est-il pour la culture en Algérie qui n'existe que par le financement étatique ? Une rencontre-débat fort intéressante s'est déroulée lundi en soirée à l'espace Mille et Une News, autour du thème “le sponsoring culturel”, drainant une foule nombreuse, composée d'hommes de culture et d'anonymes. Animée par Omar Belhouchet, directeur de la publication d'El Watan, Ahmed Boucenna, directeur général de l'ANEP et Joseph Ged, directeur général de Wataniya Télécom Algérie-Nedjma, cette rencontre a été modérée par notre confrère de la Radio algérienne, Mohamed Réda Khiyar. De prime abord, les trois intervenants sont revenus sur leur conception du sponsoring en général et de quelle manière ils le pratiquent. Pour M. Boucenna, l'ANEP a une grande expérience dans le domaine car elle a été “chercheur de sponsors et sponsor également”. M. Ged, conçoit le sponsoring selon trois principaux axes relatifs à la stratégie, à savoir “la culture de l'entreprise, les valeurs et être une société citoyenne”. Quant à M. Belhouchet, il a tenu à préciser que “les entreprises de presse sont modestes sur le plan financier, et qu'elles n'ont pas les capacités d'être mécène pour aider à l'épanouissement de la création culturelle”. Il a également évoqué l'expérience de soutien – qu'il qualifie de modeste – de certaines activités culturelles par son journal, “à travers le travail basique de journalisme”. Il a annoncé en outre que son journal “soutient d'une certaine manière des expressions souvent interdites d'expression, de manière discrète”. Par ailleurs, les invités de l'espace Mille et Une News ont été unanimes à déclarer qu'ils encouragent la création culturelle, mais de manière différente. L'ANEP compte contribuer en encourageant la production de documents sur l'histoire et le patrimoine algériens, la nouvelle plume et la diffusion de livres et l'édition par souscription. “Nous comptons aider et sponsoriser différentes activités culturelles financières, soit financièrement, soit en nature (affiches…)”, a annoncé M. Boucenna et d'ajouter : “Je ne rougis pas de ce que l'ANEP a fait (125 activités culturelles supportées de 2005 à 2010, ndlr). “Pour Joseph, la présence de son entreprise dans le paysage culturel algérien n'est pas forte, mais elle a quand même participé à de grands évènements, à l'image du Salon international du livre d'Alger (cette année aussi), ou la Médina en partenariat avec la Radio algérienne, et qu'actuellement cette entreprise “supporte un projet visant le patrimoine algérien matériel et immatériel”. Culture cherche mécènes Cependant, malgré ces initiatives, la culture demeure le parent pauvre : 1% du budget est alloué à ce secteur, ce qui demeure très réduit comparé à celui de la Défense qui rafle la part du lion. Du côté des entreprises, étatiques ou privées, c'est le sport, plus précisément le football, qui bénéficie de leurs faveurs et avantages pécuniaires. Ce constat a une explication : une meilleure visibilité qui pourra avoir des retombées financières conséquentes. De plus, il y a la circulaire ministérielle qui impose la somme de 30 millions de dinars annuellement pour le sponsoring toutes activités confondues, ce qui, a priori, limite le choix des entreprises économique, même si Joseph Ged affirme que “Nedjma a toute latitude de signer pour des projets sans consulter”. Selon M. Belhouchet, “la culture a besoin de sommes d'argent considérables, et l'apport des sponsors est minime. C'est la responsabilité des autorités du pays de financer la culture”. Car, selon les intervenants, au-delà de sponsors – qui eux cherchent une visibilité et un impact –, la culture a besoin de mécènes et autres philanthropes qui, eux, pourront soutenir l'action culturelle sans une contrepartie publicitaire ou marketing. Si dans le domaine de la santé ou du social, “les bienfaiteurs” existent et activent dans l'ombre, dans le secteur de la culture ils sont inexistants. Ce qui nous amène à dire que l'action culturelle dans notre pays doit continuer à faire la manche pour exister.