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Quand le partenariat devient l'ultime recours
SEMINAIRE: CULTURE, MARCHE ET DEMOCRATIE
Publié dans L'Expression le 20 - 02 - 2007

Le financement de l'action culturelle: entre désengagement de l'Etat et libéralisme, tel est le thème crucial débattu à la Bibliothèque nationale d'El Hamma.
En moins de vingt ans, le rôle de l'Etat a été complètement bouleversé. D'une économie dirigée, on est passé à un semblant d'économie de marché où celui-ci est livré à un libéralisme «sauvage». Force est de constater un réel désengagement de l'Etat. Ce dernier n'intervient que pour de grandes manifestations commémoratives et autres occasionnelles (Année de l'Algérie en France, Alger, 2007, capitale de la culture arabe..). Le secteur culturel se retrouve le dos au mur et les acteurs culturels (écrivains, éditeurs, artistes, musiciens,...) contraints seuls à chercher des modes de financement (institutions internationales, sponsoring,...). pis encore, l'on remarque l'absence frappante de tout arsenal juridique régissant les relations entre opérateurs privés d'un côté et éventuels sponsors qui souvent ont leur mot à dire sur la gestion du projet artistique. Une liberté qui se trouve de nouveau menacée. Ainsi se pose la problématique de la question de l'action culturelle en Algérie et dans le monde arabe ainsi que les modes de financement aujourd'hui.
Quelle place pour l'Etat?
Dans un pays qui a tenté l'expérience d'un socialisme autoritaire, puis subi quinze ans de violences fratricides, quel statut pour ces hommes de culture, hommes et femmes, dont l'ambition aujourd'hui est de rester des voix libres, critiques, quitte à s'isoler, et quel soutien, peuvent-ils attendre d'un partenariat avec l'étranger, qui lui aussi peut les aliéner? C'est dans ce contexte qu'un séminaire a été organisé par les éditions Barzakh et la Fondation européenne de la culture, samedi dernier, à la Bibliothèque nationale d'El Hamma.
Créée en 1954, en Suisse, et aujourd'hui basée à Amsterdam, cette fondation hollandaise estime que la diversité est une richesse et que la culture a le pouvoir de favoriser la compréhension et le respect mutuel. C'est pourquoi, elle plaide pour la coopération culturelle et les politiques culturelles fortes en Europe. Mais qu'en est t-il dans notre pays? Chez nous, les artistes sont livrés à eux-mêmes, leur seul souci reste la survie. Vivre de leur métier étant une utopie dans un pays où le marché culturel ne connaît aucune «régulation» sérieuse. Invités à se prononcer sur ce sujet, de nombreuses personnalités, d'ici et d'ailleurs, ont fait part chacune de leur expérience partant d'une individualité ou d'un groupe, en l'élargissant notamment à son pays respectif. Pour la journaliste Ghania Moufok, si faire appel au partenariat étranger était considéré, jadis comme «une honte», aujourd'hui c'est monnaie courante, et d'ajouter: «Si le sponsor est une réalité pour financer tel ou tel projet, il n'est pas là pour élargir le champ de liberté.» Cependant, constate-t-elle, «ces nouvelles expressions ou expériences passionnantes sont parfois marginales mais ne peuvent l'être car elles rencontrent des publics. Elles sont le reflet d'individualités et ce sont elles qui apportent les changements, fussent-ils petits, l' essence même de la démocratie», dira-t-elle en conclusion. Evoquant son expérience en tant que journaliste et écrivaine ayant une expérience dans le domaine audiovisuel, Mine G.Kirikkanat de Turquie relèvera le côté nationaliste de son pays, au faux-semblant démocratique, car 4 de ses chaînes télé sont passées au camp des islamistes. «Nous avons plus de 60 chaînes commerciales. Nous sommes réduits à faire de la publicité». Elle fera remarquer toutes les difficultés qu'elle a, aujourd'hui, pour imposer son style de programme et surtout de trouver des financements à même de la soutenir dans ses idéaux, tout en sauvegardant sa liberté de manoeuvre. Basma El Hussiny, directrice d'El Mawred El Thakafi, après un tour d'horizon explicatif de son action multiple en matière culturelle (plate-forme, théâtre, musique, littérature, prise en charge de billets d'avion pour les artistes, la gestion et l'organisation de festival, l'investissement culturel dans le monde arabe à hauteur de cent mille dollars). L'égyptienne, posera le problème de l'isolement et la pauvreté du secteur culturel indépendant, qui se doit de sortir de l'isolement, par l'investissement via une caisse publique qui serait séparée de l'Etat. Une solution pas si évidente que ça, compte tenu de l'échec de cette tentative chez nous pour renflouer ce genre de caisse, à l'adresse de nos artistes, laissés-pour-compte.
Une initiative impulsée par le soi-disant Syndicat national des artistes...Apportant son concours, Lamia Rael, de la Fondation du roi Hussein de Amman, parlera de son expérience en Jordanie, relevant par là l'aspect identitaire et culturel qui se doit d'être préservé dans tout projet de partenariat. Selon elle, la culture ne peut se dissocier de la politique. «On est artiste. On peut être aussi des artistes conservateurs...»
La priorité pour elle est de définir des stratégies en veillant au respect du contexte national, autrement, faire appel au financement étranger sous réserve, tout en assurant une bonne visibilité de la chose culturelle. Le journaliste marocain Omar Brouksy brossera un tableau assez surprenant car assez noir sur le Maroc qu'on croyait ouvert et «organisé».. Le journaliste soulignera le côté censure qui se déploie principalement dans l'essai politique étranger, et l'écrit islamique (une bonne chose).
Omar B. indiquera que les structures étatiques de financement sont liées à 80% au pouvoir exécutif, lequel échoit au roi. «Le secteur privé n'est pas totalement privé» Et de souligner, -à l'instar de l'Algérie- ce manque d'infrastructures, et de diffusions culturelles...
Entre commercialité et militantisme intellectuel..
L'historien et directeur de la revue Naqd fera montre de son refus de se soumettre aux appareils de l'Etat en refusant tout financement étatique mais dira attendre de celui-ci qu'il joue son rôle en distribuant les livres dans toutes les bibliothèques. Aussi, au-delà du combat financier que mène M.Djerbal, il sera question de son militantisme intellectuel chèrement arraché.
Dans un autre registre, Reda Chiki, producteur de «Musiques actuelles» et ancien organisateur de festivals confirmé (Bledstock et Djazaïr), témoignera de son parcours au sein du collectif 33 tours qui a fait les beaux jours de la scène musicale algéroise de 1999 à 2002 et d'annoncer quelques solutions pour réguler le marché du spectacle en Algérie, à savoir maîtriser la gestion des ressources (salles, moyens techniques...) ainsi que les capacités dans le cadre de la coopération internationale dans un système politique de régulation culturel, placé dans l'universel. Et de conclure: «La culture n'est pas une charge. C'est à nous société civile de le démontrer». Parlant de son expérience dans le monde audiovisuel et cinématographique, Belkacem Hadjadj, un peu sceptique, dira que «le financement étranger est pervers. Si on veut voir dans dix ans, des films sur 2003, on ne trouvera que des films faits par un regard d'ailleurs» et de renchérir: «Je constate un dessèchement chez nos réalisateurs et dans notre industrie cinématographique. Ces aides étrangères peuvent à la longue nous desservir, malgré cette fameuse illusion.» S'agissant de la vision des ONG et autres institutions étatiques ou privées dans le cadre de la prise en charge efficiente de la culture, Hasen Bendif, chargé du département Livre/Edition au sein du commissariat de «Alger 2007, capitale de la culture arabe» estimera que «l'Etat peut être un promoteur de la culture, dans la mesure où les institutions se doivent d'évoluer, et la place de la gestion revient aux artistes».
Enfin, Pierre Barrot, attaché culturel de l'ambassade de France en Algérie, soulignera l'action de la France à travers la mission des CCF qui soulignera-t-il, est d'ordre diplomatique mais aussi un outil de promotion de la langue française et un enrichissement via le rapprochement. M.Barrot notera 150 centres culturels en exercice. Il mettra aussi l'accent sur le système de régulation de son pays, à même de contrôler le marché parfois par des mesures protectionnistes, comme le système des quotas, des intermittents du spectacle, ainsi que le prélèvement d'un montant spécial sur les tickets de salles de cinéma, afin de les redistribuer dans la production cinématographique, dans le cadre de l'aide à la création à hauteur de 40% pour les films français. Evoquant notre pays, M.Barrot estimera qu'en Algérie, on ne parle pas du rôle régulateur de l'Etat, mais on le désigne plutôt en tant que système de contrôle. «L'exemple caricatural est le secteur audiovisuel. Or, chez nous, le système de contrôle est beaucoup plus fort.» Ainsi, la question qui se pose aujourd'hui est comment bénéficier de façon intelligente et cohérente de cette «coopération» bilatérale et en tirer profit sans «s'aliéner»...Dans un monde «globalisé», cet échange s'impose de facto et on devra faire avec désormais, qu' on le veuille ou pas.
Un débat intéressant et utile parfois, cependant hors propos, animé par des intervenants, pour certains trop passionnés, qu'ont impulsé les Editions Barzakh, elles-mêmes ayant déjà eu recours à cette forme de partenariat pour s'en sortir, dans un pays miné par la misère culturelle...


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