Une scène décorée à l'ancienne, avec tapis et autres objets en cuivre. Des musiciens vêtus d'habits traditionnels. L'on se croirait dans les anciens palais des deys ou beys d'Algérie. Un concours et des lauréats. C'est sur des airs de zorna, exécutant le tant connu dekhli (en préambule) Rana Djinek, que la cérémonie de clôture de ce festival (du 17 au 23 août 2011) a débuté au Théâtre national algérien, en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Malgré un programme de veillées ramadhanesques varié, le public était au rendez-vous. Le TNA était bondé. Même après le début des festivités, le public continuait d'affluer. C'est dire que la chanson jouit d'une bonne place dans le cœur de la population algéroise. Après la zorna, les musiciens de l'Orchestre national de la musique chaâbi, dirigé par le maestro Zerrouk Mokdad, ont pris le relai : un mssader suivi d'autres pièces musicales. Le son du qanûn se conjuguait à celui de l'oud (luth) pendant que le violon et le banjo leur faisaient écho. Du piano fusaient des notes pures augurant d'un moment de liesse. La chorale de l'Orchestre national symphonique prend place. Elle fera deux passages. Lors du premier, c'est El-Warka de Mahboub Bati, interprétée par El-Hachemi Guerrouabi, et El-Hamdoullillah mabkach listiîmar fi bladna d'El-Hadj El-Anka, et lors du second c'est Rah El-Ghali (toujours de Mahboub Bati, interprétée par le cheikh de la chanson chaâbi Boudjema El-Ankis) et Ya Rayah de Dahmane El-Harrachi. À ce dernier, un hommage lui a été rendu par son fils Kamal, l'un des invités d'honneur de cette soirée, qui a chanté les plus beaux et grands succès de son père, à l'image de Ghir Elli Hab Slaho, Yak en-nesr ma yetraba … Une interprétation sans faille, dénotant le talent et la maîtrise de l'art de la chanson. Une voix, enrouée, un peu cassée, rappelant celle du père, mais sans imitation aucune. Dans un autre registre -le chaâbi pur- l'autre invité de ce 6e festival, cheikh Mustapha Bellahcène de Relizane, a fait monter l'ambiance de plusieurs crans. Son tour de chant était composé d'un Insraf arak (Mahboubi nemchilou), d'un q'cid de cheikh Ben Mekki Rakib El-Bouraki, suivi de Sahib El-Miâradj de Cheikh Mohamed Ben Ali, avant de terminer avec El-Hmam, le succès d'El-Anka, et d'un mkheless. Avec une voix qui rappelle celle du grand maître el-hadj El-Anka, l'interprète a transporté l'assistance à l'époque où le chaâbi était à son apogée. Remarquable, exceptionnel, les adjectifs s'avèrent incapables de décrire ce moment de communion entre lui et le public. Les youyous emplissaient la salle Mustapha-Kateb du TNA. L'assistance battait la cadence. L'ambiance était telle que certains n'ont pu se retenir de danser. Du talent et du potentiel Après la musique, place au résultat du concours du festival. En effet, du 18 au 22 août, ils étaient pas moins de 29 candidats, venus de toute l'Algérie, avec une forte participation d'Alger et Béjaïa, à concourir pour décrocher un prix, et surtout les cinq premières places du palmarès. Cette année, contrairement aux éditions précédentes, le concours a débuté au lendemain du festival. Par ailleurs, les candidats qui passaient en soirée au TNA avaient droit à une seconde chance, le lendemain, au Théâtre de verdure Fadéla-Dziria de l'Institut national supérieur de musique, devant un autre jury. Donc, sur les 29 postulants, 18 ont été finalement sélectionnés. Les cinq lauréats de ce festival sont Sabess Anouar d'Alger (1er prix ; il a reçu des mains de la ministre un mandole neuf), Boudia Othman de Mostaganem, Massen Merouan d'Alger, Bencharef de Mostaganem et Benchikh Mohamed de Béjaïa. Ils vont pouvoir enregistrer dans des conditions professionnelles leur premier album. Une manière d'encourager le talent et de préserver ce patrimoine culturel immatériel qui fait tant notre fierté. Outre ces prix et ceux du festival, du public, du jury, de la meilleure interprétation féminine, trois autres au nom des défunts cheikhs Abdelmalek Imansouren, Abdelkader Guessoum et Abdellah Guettaf -auxquels le festival a rendu hommage- ont également été décernés.