D'une voix sensuelle et forte sur une musique légère et intense, le chanteur Nabil Bali et son groupe Animataf se sont produits avant-hier, à la Khaïmetkoum de Djezzy. Organisé par la boîte évènementielle BroShing events, un voyage gratuit au cœur des plaines du Sud a été offert pour une durée d'une heure trente de pur plaisir. Succédant à son père, le défunt Athmane Bali (virtuose de la musique targuie), Nabil fait honneur à son paternel en reprenant le luth avec génie. Les musiciens se sont illustrés dans ce genre de musique targuie contemporain, nommé le tindi. Une sorte de fusion avec les rythmes blues et le gnawi mais qui reste très différent de ce style traditionnel sur des textes en tamacheq et en arabe. Accompagné sur scène de deux basses et une derbouka, le prince targui a interprété ses compositions et bien sûr, plusieurs titres de son défunt père. “Je reprends les compositions d'Athmane pour lui rendre hommage, mais surtout pour continuer à faire passer son message. Il espérait voir l'union de tous”, nous a confié Nabil Bali. Cet artiste talentueux, puise ses inspirations de son vécu, de son entourage et de la société saharienne. “Je chante sur l'amitié, la sécheresse, les problèmes de société. Djanet est comme une prison, on ne peut pas sortir de ce coin. C'est aussi une prison car on ne peut pas créer ! Les artistes ne peuvent pas évoluer dans leurs œuvres à cause du manque de moyens”, a-t-il dit avec frustration. Né en 1975 à Djanet, Nabil reçoit sa première guitare à 13 ans, de son père. Bercé toute son enfance par la musique. Après le décès d'Athmane, il décide de reprendre le flambeau avec l'ancienne troupe de son père et idole. D'ailleurs, il jouait depuis sa tendre enfance avec ses musiciens. On peut citer, Barka Belton à la guitare rythmique, Ismaïl Khabon aux percussions et le Mauritanien Dia Yoba, à la guitare qui vient d'intégrer la formation, depuis une année seulement. Sur scène, Nabil Bali et Animataf ont interprété Tamghartiw (Ma mère), un titre de leur deuxième album. Ils ont vanté les splendeurs de leur ville à travers la chanson Djanet qui évoque la beauté de ses dunes et de ses paysages, ainsi que la composition Amhiji (élégance). L'ambiance était soft, le public suivait de loin ce genre musical méconnu encore par les Algérois, et d'autres, étaient totalement absorbés et emportés par le prince des dunes. D'ailleurs, le public du Nord n'aura pas l'occasion de découvrir ces artistes connues pour leur humilité, simplicité et grands talents. “On se produit énormément en Europe, nous avons plusieurs dates. On s'est produit déjà à Alger, mais il n'y a pas de demandes pour des représentations”, a signalé Nabil Bali avec étonnement.