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Sarkozy et la vie du soldat Shalit
Les doctrines de la mort arabe
Publié dans Liberté le 27 - 08 - 2011

Pendant que les dirigeants des dictatures arabes tuent les civils sans distinction et embarquent une bonne partie de la population vers la destinée manifeste des disparus pour préserver les acquis et les avantages de la gouvernance de leurs pays, le président français n'épargne aucun effort diplomatique pour soutenir son soldat sioniste détenu depuis cinq ans par le Hamas malgré un état des services criminel du soldat. Et paradoxalement le même président est prêt à tuer et enregistrer des dommages collatéraux de civils arabes pour sauver tout un peuple d'un génocide probable si le dictateur libyen reste en place. La Syrie est un espace de manœuvres géostratégiques donc il faut laisser faire pour l'instant puisqu'il remplit le rôle équilibriste de la région.
Voilà, en bref le paradoxe pour sauver des vies humaines des mains génocidaires arabes. Notre réflexion doit être située loin des enjeux de la région pour déterminer l'acharnement du président français contre la dictature libyenne, qui est analysée avec une pointe académique dans plusieurs contributions. Admettons en guise d'introduction qu'il est très difficile de trouver les mots appropriés pour décrire la situation sanglante dramatique et émouvante qui prévaut dans les pays arabes “occupés” depuis des décennies par des élites idéologiques nées du monopole du pouvoir à la majorité silencieuse. Si ces dictatures se ressemblent et cumulent un CV politique et idéologique digne des empires, elles sont aussi un résultat inévitable des guerres de clans et de clivages idéologiques qui cherchent à imposer non seulement une pensée monolithique mais exercent un matraquage des populations puisant leurs puissances dans le caractère répressif du régime et dans des institutions érigées en véritable appareils idéologiques mobilisées autour du dirigeant roi. Elles imposent tout une politique répressive monopolisatrice de la pensée de leurs peuples qui doivent être gouvernés à la manière dont seuls les dirigeants sont habilités à se prononcer et qui imposent la voie censée être la meilleure pour les sujets gouvernés.
Les notions et la différence
Au moment où EADS projette de lancer un puissant supersonique qui peut survoler les ciels à une vitesse de plus de 4 500 km/heure, et atteindre Tokyo de Paris en moins de 3 heures, les Arabes doivent se résigner à vivre le drame et enterrer les morts chaque jour. Les populations arabes doivent aussi quémander et mendier le droit de vivre, de pouvoir passer des vacances comme les êtres humains des pays occidentaux et surtout utiliser leurs R11 (marcher) sans être inquiétées voire exécutées. Dans ces pays gérés par la matraque de la répression, la vie n'a plus de sens sauf celui de s'immoler pour arracher un droit et restent sans moyen de locomotion digne du XXIe siècle.
Au moment où les pays occidentaux cherchent un consensus mobilisateur pour sauver la Grèce par un compromis économique, la Ligue des pays arabes cherche des refuges pour les dirigeants qui ont amassé des fortunes colossales qui font le bonheur des banques occidentales et autres abris bancaires off shore. Fortunes qui ressemblent à des collections d'art gardées par des institutions qui se sont alliées à ces dictatures pour faire fructifier le butin détourné au détriment de leurs peuples qui vivent la précarité au sens large du terme malgré les richesses de la rente étatique (pétrole, gaz, tourisme et aides étrangères). Au moment où le président français Sarkozy annonce sa pleine solidarité avec le soldat sioniste Shalit envoyé au front pour tuer des civils palestiniens — cause sioniste oblige — et déclare sa pleine disponibilité à œuvrer pour sa libération immédiate et sans condition, les dirigeants arabes tirent à boulets de canon sur les foules de marcheurs manifestant pacifiquement pour le changement sociologique du régime et aspirer à une vie humaine digne et honorable et signaler à leurs dirigeants la fin d'une époque. Y a-t-il un seul dirigeant arabe qui s'est inquiété du sort de leurs ressortissants à l'étranger même si ceux-là sont dans leur droit ? Y a-t-il un seul dirigeant arabe qui peut se rappeler de mémoire que rares sont les responsables politiques arabes qui ont déposé une démission en bonne et due forme pour travail non concluant ou à la suite de faute de gestion ou de scandale public car il sont installés à leur poste sans aucune obligation de service public ou obligation de résultat qui peut les obliger à remettre en cause comme c'est le cas dans les autres pays où le résultat, la voix des gouvernants, a un poids significatif dans la carrière d'une personnalité. “Démis de ses fonctions et appelé à d'autres fonctions” est le mécanisme de la reproduction des éléments du pouvoir et la cohérence de son exercice. Quand pouvons-nous voir un jeune président qui puisse diriger une démocratie arabe, donnant au peuple la liberté de penser et de communiquer, de voir un Etat qui recrute en toute transparence les responsables des grandes entreprises sur la base de CV et de concours et non par le sponsoring de l'appartenance idéologique et allégeance clanique, de voir des directeurs des universités et centres de recherche qui concourent pour le poste de directeur, de voir... une rotation des directions des institutions par des élections des assises nationales sans jeu de coulisses et bourrages des urnes.
Gouvernance dictatoriale et opposition
Le lecteur se posera certainement des questions sur la relation entre EADS, la Grèce et le soldat sioniste. Il a raison de le faire puisque le propos ici concerne la relation entre la citoyenneté et la bonne gouvernance d'un côté et la notion de la vie et du pouvoir de l'autre entre deux cultures diamétralement opposées dans la gestion des sociétés : la culture arabe et la culture occidentale. La réponse aux interrogations légitimes des lecteurs réside dans la différence de la notion que donnent les dictatures arabes à la vie par rapport à la culture politique occidentale qui ne peut se maintenir que par la sauvegarde de la vie alors que chez les dictateurs arabes, il faut tuer pour garder l'éternel “koursi”.
Pour diagnostiquer si un pays souffre de pratiques dictatoriales, il faut regarder la composition des partis d'opposition. Ces partis exercent la fonction d'équilibrage avec le bruit linguistique qu'ils génèrent comme sentiment de peur dans la société. Il est aussi vital de documenter l'évolution de son mouvement sociologique et son rapport à la population.
Dans le meilleur des cas, l'opposition déclenche son appel de détresse à la société pour gagner un siège de représentation pour se réorienter par la suite vers l'orbite central du pouvoir, écouter les consignes nécessaires à dompter la population et l'aliéner puisqu'elle agit sous l'impulsion de l'élite gouvernante et de ses appareils en place. Il n'est pas de notre intention de remettre en cause l'opposition au régime en place mais il est très important de signaler que la peur des sanctions remet toutes pendules d'opposition à l'heure du pouvoir, soit par des moyens de séduction pour l'exercice du pouvoir ou tout simplement par la répression qui arrive à la liquidation car toute dictature est hermétiquement autoritaire, et ne peut être autrement. La dictature se nourrit d'ailleurs de deux variables : la misère du peuple et l'ambition de l'opposition à se hisser au seuil de la porte du pouvoir pour plaire à l'esprit de la dictature.
“L'Homo-marchus”
contre dirigisme
L'Homme marcheur est une gestation de la société contestataire contre l'autoritarisme et pour la liberté mais qui reste un élément indésirable pour les pouvoirs arabes puisqu'il peut mettre en danger la pérennité d'un pouvoir absolutiste garant d'un statut digne des temps ancestraux. Cet Homo-marchus est au yeux du pouvoir un symptôme de danger qui doit être éliminé par le feu et le sang. Ce même pouvoir peut gouverner un pays de morts et des territoires fantômes. Pourquoi est-ce que la notion de gouverner chez les Arabes n'est pas la même que celle des Occidentaux ? Il faut peut-être chercher les raisons dans la sociologie culturelle de la gouvernance et la mentalité. Un élu local arabe ne connaît pas ses gouvernés alors qu'en France ou en Angleterre un député rend visite à ses concitoyens porte par porte pour récupérer leur soutien durant les élections sans être sûr de passer alors que les identités des gouvernants arabes se décide préalablement avec l'octroi même du nombre de voix. C'est pourquoi un élu arabe ne peut défendre les intérêts de la population alors que le représentant de proximité occidental démissionne de son poste politique dès qu'il se voit incapable de remplir le mandant pour lequel il a été désigné.
Le dirigisme politique de la vie
et de la société
Si les évènements sociopolitiques qui caractérisent les sociétés arabes ont une grande signification, dont la plus importante réside dans le refus de l'asservissement éternel des couches sociales qui se reproduit par une “assabiya” de confluence idéologique puisqu'il est rare, voire impossible de trouver les postes de responsabilité confiés aux outputs des universités et aux grandes écoles si l'obéissance n'est pas prouvée.
Chaque jour qui passe est considéré comme meilleur que le jour précédent en termes de la comptabilité mortuaire. C'est le quotidien de tous les peuples en révolte et dans le meilleur des cas les prisons sont les lieux appropriés pour des dizaines de milliers de femmes et d'hommes qui représentent la conscience collective et les masses dans les meetings, c'est le délit de dire et de s'exprimer. Les dictateurs veulent gouverner des peuples sans parole et des sociétés soumises à une doctrine des plus répressives au monde. Elle peut être classée juste derrière les juntes militaires, elle rivalise avec ces dernières et peut même les destituer pour être sur le podium du crime et de la répression. La doctrine arabe rappelle étrangement les empires les plus sanguinaires, elle va même dans la direction des régimes sanguinaires pour sauvegarder le pouvoir et son exercice. À voir ce qui se passe en Syrie, au Yémen et en Libye les observateurs sont unanimes pour condamner de la façon la plus ferme ces exactions contre des civils en marche.
Les Arabes et la confluence
par la gouvernance
Une brève analyse des régimes politiques arabes nous permet d'affirmer que les caractéristiques endogènes de ces systèmes sont manifestement autoritaires, monolithiques et répressifs.
Cela fait des décennies que les pays arabes essayent de sous-régionaliser leurs échanges économiques mais ils n'y arrivent pas et n'y parviendront jamais. Mais lorsqu'il s'agit des formules de répression entre les institutions des ministres de l'Intérieur, le consensus est vite trouvé. Idem pour la répression de la liberté d'expression qui exige juste une table ronde entre les ministres de tutelle pour mettre en place la stratégie collective à adopter afin de contrôler les courants de la presse écrite. Il n'y a aucun pays arabe qui n'est pas doté d'un ministère de l'Information qui est une véritable police de la pensée médiatique, culturelle et sociale.
Un autre aspect très important de ces dictatures, c'est le refus du droit par des mesures illégales qui reflètent le bien-fondé idéologique répressif de ces régimes. Il s'agit du refus du droit à la société de s'exprimer dans des instituions légales et surtout libres de toute pression politique. La société civile est soumise au chantage des aides et autres soutiens financiers qui fait office de récompense. Même les syndicats indépendants qui représentent un minimum légal pour la défense des travailleurs est soumis à de rudes épreuves au moment où les appareils idéologiques de l'Etat sont dotés de subventions conséquentes pour services rendus et bénéficient de toutes les facilites afférentes à leurs activités d'aliénation sociopolitiques exercées sur la société. Les sociétés arabes payent le tribut nécessaire à la liberté mais leurs dirigeants sont accrochés au pouvoir piétinant des milliers de corps, oubliant que l'Histoire a toujours donné raison aux populations qui ont réclamé un nouvel environnement pour l'épanouissement des générations à venir. Pas un seul institut de sondage digne des pratiques de la démocratie occidentale n'est répertorié dans le monde arabe car il constitue un véritable baromètre de la pratique démocratique. De toute façon, les dirigeants des pays arabes n'expriment aucun souci quant au besoin ou pas de jauger leur popularité, puisque pour eux l'opinion publique ne doit pas exister en tant que conscience collective car son ambition est celle du dirigeant.
Il en de même au niveau de toute institution qui a un organigramme et qui doit avoir un responsable à sa direction. Le personnel est mis à la retraite mais le responsable est appelé de la retraite pour être installé à la direction de ces institutions.
Même éclaboussé par les pires scandales on ne peut imaginer un responsable politique démissionner. Mais il faut dire que même s'il a la volonté de le faire, il peut facilement être la cible des cercles fermés de la dictature dans la mesure où cela remet en cause la doctrine elle-même. Néanmoins il est très important de signaler que rares sont ces responsables qui ont une abnégation à travailler pour le bien-être collectif de la société. C'est ainsi qu'on peut affirmer sans risque de se tromper que l'exercice dictatorial du pouvoir politique, administratif, scientifique, culturel et sociologique est intimement lié à une mentalité culturelle et sociologique au sens large du terme. Un exemple s'impose pour étayer cette démarche analytique de la mentalité arabe. Depuis une décennie, le monde entier a vu défiler : deux présidents au bureau Ovale des Etats-Unis d'Amérique, trois Premiers Ministres de l'Angleterre à 10 Downing Street, deux présidents français, deux chanceliers allemands, sans parler des changements perpétuels à la tête des partis politiques et de la répartition de la carte politique dans les assemblées et les Parlements de ces pays.
En face, on n'a pas enregistré le moindre mouvement dans la hiérarchie politique dans le monde arabe exception faite dans la re-rétribution de poste par poste. Mieux vaut s'abstenir de recenser les longévités des dirigeants arabes ou autres responsables syndicaux, administratifs, scientifiques et même bénévoles des ONG. Une telle situation de la pratique culturelle du pouvoir nous incite à dire que les experts de la prospective stratégique se sont trompés en prédisant un “choc des civilisations” car le monde arabe doit vivre encore sa mutation par une révolution contre la dictature avant d'affronter les autres.
L. Y.
(*) chercheur et expert en communication


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