Symbole du web 2.0, le read and write (lire et écrire), le collaboratif ou le participatif, tout cela c'est dans Wikipedia, la fameuse encyclopédie en ligne qui nous dit tout sur tout, et si elle dit rien ça veut dire qu'il n'y a rien à dire… pourtant la grosse plateforme connait des secousses… le nombre de contributeurs est en baisse et la consultation stagne… Un problème d'experts Dans un article intitulé “il faut sauver le soldat Wikipedia”, Cédric Le Merrer, journaliste web propose son analyse. “Le problème, dans la pratique, c'est que la machine ne suffit pas à organiser toutes les contributions. Il a fallu instaurer des règles, des normes et des exceptions dont la liste ferait passer la Constitution européenne pour les règles du jeu de dames. Et même si les règles du jeu précisent bien que tous les contributeurs sont égaux qu'ils soient là depuis dix ans ou dix jours, les administrateurs sont les seuls à connaître ces règles et leur pouvoir est fondé là-dessus. Si vous pouvez toujours contester leurs décisions, il vous faudra faire l'effort d'en apprendre autant qu'eux et courir le risque de devenir comme eux. Tout se complique, au début il suffisait de rien pour modifier un article sur Wikipedia, désormais c'est le parcours du combattant“. En 2001, modifier une page de Wikipedia en quatre ou cinq clics et en n'apprenant que quelques balises de mise en forme, c'était une révolution. Mais quand on est habitué aux commandes Ajax et au WISYWIG de sites plus récents, devoir passer par trois pages différentes pour apporter la moindre contribution à Wikipedia, c'est incroyablement fastidieux. Symbole du web 2.0, Wikipedia tombe en désuétude en même temps que le concept qu'il incarna le mieux – le terme web 2.0 lui-même étant tombé en désuétude. On parle désormais de social media. D'un point de vue technologique, il y a peu de différence, mais à l'usage, il y en a une fondamentale : l'identité. “A l'époque des média sociaux, Wikipedia essaye de s'adapter, quand il y a quelques années on pouvait contribuer anonymement, aujourd'hui, poussé par la réussite des Twitter, Facebook et Google + (ce dernier oblige ses membres à donner un maximum d'informations sur leur identité) Wikipedia “impose” une certaine notoriété et reconnaissance du “réseau” pour apporter des modifications à un article. Pour Cédric, c'est cela la fin du Web 2.0. La guerre entre web 2.0 et social media fait rage, une guerre entre deux futurs, Terminator ou Big Brother, et ce dernier est en train de gagner. Si Wikipedia veut survivre, il faudra trouver une façon d'adapter son Terminator sans se transformer en Big Brother. Ça tombe bien, on n'avait envie d'aucun des deux. Aujourd'hui, l'internaute moyen va utiliser la, si respectable, Wikipedia comme source principale de connaissance et ne prendra pas le temps de vérifier ce qu'il y lit. Si Wikipedia contredit ce qu'il sait, il changera plus probablement d'avis qu'il ne modifiera la page. Pour redevenir un site vibrant et excitant, Wikipedia pourrait mettre un coup de pied dans sa propre fourmilière en abandonnant le principe de “neutralité de point de vue” qui de toute façon est bien trop problématique. Plusieurs points de vue, une possible solution Une des plus grandes richesses de Wikipedia, c'est l'accès qu'elle donne à travers les pages “discussions” aux débats internes constants sur sa construction. Plutôt que de les garder séparés du contenu, Wikipedia pourrait adopter un nouveau principe, celui de la “multiplicité des points de vue”, et rendre visible sur chaque page des versions différentes et plus colorées de ses articles. Au lecteur de faire le tri ensuite entre des points de vue exprimés avec conviction, plutôt qu'entre des versions émasculées par les disputes qui ont lieu derrière le rideau. Wikipedia pourrait vivre indéfiniment de l'animation apportée par ces disputes plutôt que de se scléroser dans une version molle de la réalité, et l'encyclopédie n'en serait que plus complète.