Cet attentat, dont le dernier bilan s'élève à 18 morts et 26 blessés, serait l'œuvre de katibat El-Arkam qui active au centre de la wilaya de Boumerdès, à l'est d'Alger. Seize militaires, dont neuf officiers, ainsi que deux civils, soit dix-huit personnes au total, ont été tués et vingt-six autres blessés dans le double attentat kamikaze perpétré vendredi, une dizaine de minutes après la rupture du jeûne, contre le mess extérieur de l'Académie militaire interarmes de Cherchell, située au bord de la RN11, dans la wilaya de Tipasa, à l'ouest d'Alger, a indiqué, hier, un second communiqué du ministère de la défense. Un précédent communiqué, rendu public plus tôt dans la journée, faisait état de neuf officiers et deux civils tués, et de vingt-six blessés. Ces derniers ont quitté les hôpitaux où ils ont été admis, à l'exception de six d'entre eux, restés en observation à Aïn Naâdja. Parmi eux, un officier blessé à la tête et amputé d'une jambe se trouve dans un état grave. Mais les médias, se référant à des sources sécuritaires et hospitalières, avaient avancé, pour certains, trente-huit morts dont deux officiers de nationalité étrangère. Le double attentat aurait pu faire plus de victimes si la plupart des officiers n'étaient pas en permission, affirment des témoins. Les terroristes ont misé sur la présence d'une nouvelle promotion d'officiers qui devait faire son entrée ce jour-là, pour mener leur attaque. Le même calcul avait été fait aux Issers, dans la wilaya de Boumerdès, en août 2008, lors de l'attentat kamikaze qui avait ciblé l'école supérieure de la gendarmerie, tuant cinquante personnes. Le groupe terroriste, qui a planifié et exécuté cet attentat, a également adopté le même mode opératoire et la même tactique que ceux utilisés dans l'attentat de Bordj Menaïel en juillet dernier. Un premier kamikaze s'est introduit dans le mess des officiers en se faisant passer pour un membre de la famille d'un des officiers. Ces derniers, habitués à recevoir leurs invités civils dans ce café-restaurant, n'ont rien remarqué. Le kamikaze actionne sa ceinture d'explosifs et provoque une panique générale dans le mess. De nombreux officiers sortent de l'académie et accourent au secours des blessés. C'est à ce moment-là que le deuxième kamikaze, à bord d'une moto bourrée d'explosifs, surgit et fonce “dans le tas”. “Venger le fils d'Ali Benhadj” C'est cette deuxième explosion, entendue jusqu'à Tipasa, qui a fait plus de victimes, affirment nos sources. Les morts et les blessés ont été transportés dans les hôpitaux de Sidi-Ghilès, Tipasa et Aïn Naâdja. Selon nos informations, ce double attentat serait l'œuvre de katibat El-Arkam qui active au centre de la wilaya de Boumerdès, à l'est d'Alger, entre Thénia et Béni Amrane, en passant par Zemmouri. C'est cette phalange, dirigée par l'“émir” Gouri Abdelmalek, alias Khaled Abou Selmane, qui a commis récemment l'attentat de Bordj Menaïel et qui était aussi derrière la plupart des attentats commis à Alger, notamment ceux du 11 avril 2007 et du 11 décembre 2007. En menant cette attaque sur un lieu censé être très bien gardé, le GSPC a frappé au cœur de l'ANP, pour démontrer sa force de frappe, visiblement restée intacte malgré les coups reçus ces dernières années de la part des forces de sécurité. Mais, selon certains observateurs, cette attaque a été décidée pour venger les trois kamikazes tués dernièrement à Thénia dont le fils d'Ali Benhadj. Les trois terroristes, tous Algérois et membres de katibat El-Arkam, s'apprêtaient à commettre un attentat-suicide à Alger, à l'aide de ceintures explosives. En frappant cette fois à l'autre côté d'Alger, le GSPC tente, selon certaines analyses, de desserrer l'étau autour des groupes terroristes dans les wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira. Les forces de sécurité ont abattu ces trois derniers jours cinq terroristes, dont deux Algérois natifs de Benzergua, dans la commune de Bordj El-Bahri. Selon certaines sources, ces deux terroristes étaient des candidats à des attentats kamikazes. Ce qui corroborerait l'existence d'un groupe de terroristes algérois que katibat El-Arkam prépare pour perpétrer des attentats à Alger et ses environs. Mais beaucoup d'interrogations subsistent encore autour de l'absence de mesures de sécurité censées être prises pour éviter de tels actes, d'autant plus que l'école de Cherchell était, depuis 2007, sur la liste des cibles du GSPC. Les terroristes, qui ont organisé l'attentat du 11 décembre et qui ont été arrêtés, l'auraient avoué aux juges chargés de l'enquête.