Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a affirmé vendredi qu'un projet de construction d'une ligne de défense le long de la vallée du Jourdain empiétant de “plusieurs kilomètres” en Cisjordanie était à l'étude et qu'il serait présenté au gouvernement dès qu'il serait prêt. “Ce projet de clôture dans la vallée du Jourdain est actuellement à l'étude et lorsqu'il sera prêt, il sera présenté au gouvernement pour être discuté”, a affirmé M. Sharon à la deuxième chaîne de télévision israélienne. Le Premier ministre a indiqué que cette ligne de défense mordrait “de plusieurs kilomètres” à l'ouest, c'est-à-dire qu'elle s'étendra non pas le long de la frontière avec la Jordanie, mais en Cisjordanie. La construction de cette portion orientale de la ligne de défense permettrait à l'état d'Israël d'annexer de fait la partie orientale de la Cisjordanie. M. Sharon n'a pas précisé à quel moment le projet de tronçon dans la vallée du Jourdain serait présenté, mais il a indiqué que la ligne de défense de l'autre côté de la Cisjordanie et autour de Jérusalem “devrait être achevée d'ici un an”. Il a également réaffirmé que des colonies israéliennes de Cisjordanie, notamment Ariel (18 000 habitants) seraient incluses dans le tracé de la ligne de défense. “Il faut que les colonies bénéficient du maximum de sécurité et Ariel, par exemple, fera pour toujours partie de l'état d'Israël.” L'Assemblée générale des Nations unies a adopté mardi une résolution selon laquelle Israël doit arrêter et revenir sur la construction du “mur” dans les territoires palestiniens occupés, y compris dans et autour de Jérusalem. Mais Israël a passé outre et proclamé son intention de poursuivre la construction de cet ouvrage censé empêcher l'infiltration de kamikazes palestiniens en territoires israéliens. Cette ligne qu'Israël qualifie de “clôture de sécurité” et les Palestiniens de “mur de l'apartheid”, doit s'étendre au final sur 430 km. Dans certains secteurs, elle mordra sur une profondeur de 20 km en Cisjordanie afin d'englober 80% des quelque 231 000 colons vivant dans ce territoire, sans compter les quelque 200 000 Israéliens installés à Jérusalem-Est (occupée et annexée depuis 1967). En outre, plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens sont littéralement encerclés par cet ouvrage imposant et doivent emprunter des portiques de sécurité — dont l'ouverture, qui dépend des soldats israéliens, est aléatoire — pour aller cultiver leurs champs ou aller à l'école. Les Palestiniens accusent Israël de vouloir en fait annexer ainsi une partie de la Cisjordanie et empêcher la création d'un Etat palestinien indépendant qui soit viable.