Devant l'indifférence des responsables israéliens face aux “préoccupations” américaines au sujet de l'édification de la clôture de sécurité, la maison-blanche a décidé de dépêcher en Israël William Burns pour tenter de raisonner Ariel Sharon pour qu'il revoie au moins le tracé du mur, dont la première partie, longue de 145 kilomètres, a été déjà achevée. Craignant que le projet israélien ne rende “encore plus difficile les discussions sur un règlement définitif” du conflit israélo-palestinien, les Etats-Unis essayent par tous les moyens, y compris les menaces financières, d'adoucir la position de Tel-Aviv, ne serait-ce qu'à travers une modification du tracé de la ligne de sécurité. À cet effet, le sous-secrétaire d'Etat américain pour le proche-orient, William Burns, effectuera cette mission en Israël pour convaincre Sharon, Shalom et Mofaz de pouvoir faire des concessions à ce sujet. Multipliant les critiques contre Israël, l'administration Bush veut éviter un fait accompli par la construction de ce mur, qui trace unilatéralement les frontières du futur Etat palestinien. L'objectif de William Burns est d'amener les Israéliens à modifier le tracé de cette clôture de sorte qu'elle n'empiète pas sur le territoire de la Cisjordanie. Entre-temps, l'Etat hébreu a réaffirmé, hier, par la voix de son chef de la diplomatie, Sylvan Shalom, son intention de poursuivre son œuvre en dépit du différend l'opposant à Washington. “La clôture de sécurité continuera d'être construite, malgré notre désaccord avec les Etats-Unis sur son tracé”, a déclaré le ministre israélien des affaires étrangères. Il a laissé la porte ouverte à un éventuel compromis avec les Américains en ajoutant : “Nous trouverons une solution permettant d'assurer la sécurité de tous nos ressortissants, y compris les colons, qui tiendra autant que possible compte des préoccupations américaines. Entre amis, il peut y avoir des divergences de vue.” Côté palestinien, Mahmoud Abbas tient Israël pour responsable d'une éventuelle rupture de la trêve dans les attentats anti-israéliens observée depuis le 29 juin dernier par les groupes armés radicaux palestiniens. “Israël s'est obstiné ces derniers jours, notamment hier, à poursuivre ses incursions, tueries et destructions, ce qui le rend comptable des résultats de ses actes”, a affirmé le chef du gouvernement palestinien à la presse samedi soir, à la suite du raid de l'armée israélienne vendredi à Naplouse qui a coûté la vie à quatre Palestiniens, dont deux activistes de Hamas. “En proclamant cette trêve, les mouvements palestiniens ont fait montre d'un sens très élevé de responsabilité, dans l'espoir qu'Israël mette, lui aussi, fin à ses agressions et ses assassinats”, a ajouté Abou Mazen, tout en avertissant la communauté internationale que ces développements peuvent provoquer “un retour à la case départ” dans les efforts de paix. Il a également rappelé avoir été en conflit avec Yasser Arafat, lors de la formation de son cabinet, précisant que “ce différend n'était pas le premier et il ne sera pas le dernier” entre eux. Enfin, sur un autre registre, le Hezbollah chiite libanais a repris ses tirs vendredi contre le nord d'Israël, faisant deux blessés israéliens hier, ce qui a donné lieu à de nouvelles menaces de l'Etat hébreu contre la Syrie et le Liban. K. A. Sharon et ses fils au centre de divers scandales Ariel Sharon et ses deux fils étaient, hier, dans le collimateur des enquêteurs de la police à propos de divers scandales, sans que cela semble néanmoins compromette à court terme l'avenir politique du Premier ministre, ou sa capacité à gérer les affaires, selon les experts. Le fils aîné du Premier ministre, Gilad, a été interrogé pour son rôle présumé dans deux scandales, mais a préféré user de son droit à garder le silence, éveillant ainsi des soupçons sur ses mobiles, voire sa volonté de couvrir son père. La famille Sharon est suspectée d'avoir violé la loi sur le financement des campagnes électorales en obtenant un prêt d'un ami, l'homme d'affaires sud-africain, Cyril Kern. Gilad Sharon est aussi resté muet la semaine dernière quand la police l'a interrogé sur l'affaire dite de "l'île grecque". Il aurait touché des pots-de-vin de plusieurs dizaines de millions de dollars du promoteur immobilier, David Appel, pour prix de ses "conseils" dans un projet touristique sur une île grecque, alors qu'Ariel Sharon était chef de la diplomatie israélienne.