La vie n'a qu'un seul but, aimer... Tel est le message transmis au public par la pièce Jem'ra (la braise) – une production 2010 de l'association des Planches de l'Art de Fouka, écrite par Youcef Touaïnet et mise en scène par Mohamed Amine Mousssaoui – jouée dimanche soir, au Théâtre régional de Batna, réussissant non seulement à faire rire ou sourire le public, mais à le faire pleurer à la fin du spectacle, le plongeant dans une profonde réflexion sur les thèmes tragiques : l'héroïsme, l'honneur, la vengeance, l'amour et la fatalité, d'une manière ramassée de l'homme face à son destin. L'histoire de la pièce, une tragi-comédie de 70', se déroule dans une prison située dans une île où trois prisonniers, incarcérés pour différents motifs, décident de prendre la poudre d'escampette. Constituée de quatre tableaux : présentation de l'exposition, la scène du rêve, la tentative d'évasion et la scène des révélations, elle a mêlé artistement les deux aspects “le plaisir sérieux” et “le plaisir folâtre” alternant la comédie et la tragédie. Les comédiens, durant leur jeu, ont passé du sérieux au rire, des excitations aux émotions déchirantes du plaisir au sévère, du grotesque au sublime. La pièce s'achève sur une série de révélations au dénouement malheureux, mais laisse un espoir absolu. Les personnages sont construits par opposition et évoluant d'une manière un peu identique. La pièce passe à la phase de rupture et commence par une scène de rêve, celui de traverser la mer à la conquête d'un pays miracle. Vite, ce beau rêve se termine par un cauchemar. Ils se voient aller être dévorés par un requin… Les trois prisonniers élaborent un plan d'évasion en tentant de scier les barreaux de la fenêtre de leur geôle. L'opération échoue. Après l'échec, c'est la phase des révélations. Le dilemme n'est pas clair. Il est à retravailler. Par contre le rire n'a pas finalement nui à la profondeur dramatique de la pièce. Au contraire, le rire a provoqué et a permis une distanciation, un recul par rapport au sujet douloureux du crime. La fin est brutale et inattendue comme le rire était intense. La pièce nous exhorte à une réflexion sur le monde de la tragédie qui est un “monde cruel”, un monde déterministe, mécanique, dépourvu d'amour et de pitié.