Vingt-six tableaux ornent les murs blancs de la galerie d'art de l'Etablissement Arts et Culture, sise en plein cœur d'Alger, plus précisément à la rue Didouche-Mourad. Ces toiles sont l'œuvre de l'artiste peintre Lakhdar El Gouizi. Cet autodidacte, à peine la trentaine entamée, verse dans le courant orientaliste. C'est dans un atelier à Hussein Dey qu'il fit ses premières armes, avant d'intégrer, durant six mois, la Société des Beaux-Arts, où il perfectionna son travail sous l'œil vigilant du grand peintre Mustapha Belkahla. Il peint sa ville, plus précisément le Vieil Alger, à savoir la Casbah et les lieux environnants, immortalisant à jamais les paysages et les décors d'El Djazaïr. Des toiles qui remontent le temps, jusqu'au XIXe siècle. Tout y passe : la Casbah, le palais Mustapha Pacha, l'Amirauté, la villa Abdellatif…, même une représentation d'un village en Kabylie… Des tableaux qui racontent, chacun, une histoire, celle d'un quartier, d'une rue, d'une place. Ils racontent également des instants de vie, pris d'un quotidien tranquille, paisible. Dans les cinq œuvres dédiées à la pittoresque et séculaire cité, la Casbah, l'artiste peintre nous emmène dans le dédale de rues et venelles qui serpentent à travers les bâtisses. Ce sont des murs allant du jaune à l'ocre, comme s'ils étaient caressés par les rayons du soleil. On découvre une placette, vide, un étal de fruits, vers le fond ces marches interminables qui s'engouffrent dans un couloir sombre et étroit. Sur les rebords des fenêtres, des plantes vertes ondulant sur les volets, signe de vie. Précis dans son trait de pinceau, Lakhdar El Gouizi développe le traçage anguleux, reproduisant des couleurs telles que perçues par son regard d'artiste. Des couleurs gorgées du soleil d'Alger, comme en témoigne l'œuvre “les Terrasses d'Alger”. Une série de terrasses qui s'entrelacent. Sur le rebord de l'une d'elles, un tapis est étendu. Ces lieux devenus l'espace privilégié des femmes de la Casbah, où, outre étendre le linge, elles s'accordent des moments de convivialité et d'intimité entre elles, qu'un aucun homme ne vient perturber. Versé dans le figuratif, l'artiste peintre tente, avec une touche propre à lui, de représenter ce que fut la vie d'antan, ce que fut également Alger jadis. Des visions plaisantes. Elles apaisent le regard. Une série d'œuvres qui égayent les murs de cette galerie, lui conférant une ambiance pittoresque, magique. Ne manquait que l'Algéroise drapée dans son haïk nacré !