Que reste-t-il à faire à Mouammar Kadhafi, maintenant que ses forces sont en déroute totale et qu'il est harcelé par les rebelles, si ce n'est disparaître provisoirement dans le désert ou fuir vers le Niger, qui a affirmé hier qu'il avisera sur un éventuel asile une fois saisi officiellement par l'intéressé ? Introuvable jusque-là malgré les opérations de recherche des forces rebelles, Mouammar Kadhafi fait de brèves apparitions sonores sur la chaîne syrienne “Arraï” pour montrer qu'il résiste. Mais les redditions et défaites de plus en plus en nombreuses de ses forces sur le terrain ne lui laissent guère un grand choix pour sauver sa peau. Selon les analystes, il ne dispose désormais que de deux options. Soit il se cache dans l'immense désert libyen, soit il gagne un pays voisin, probablement le Niger, en raison de sa présence présumée dans le sud de la Libye. S'il n'est pas arrêté ou tué dans les prochains jours par les rebelles, qui ont annoncé l'avoir repéré sans divulguer toutefois le lieu où il se cacherait, Mouammar Kadhafi peut donc se rendre au Niger, car il est hors de question pour lui de rallier le Tchad où les forces françaises sont importantes. Par ailleurs, les Etats-Unis ont demandé aux pays frontaliers de la Libye, dont le Niger, de contrôler et de sécuriser leurs frontières, alors que sur le terrain l'étau se resserre contre Mouammar Kadhafi. Il n'en demeure pas moins que Niamey a laissé la porte ouverte à un éventuel asile pour l'ex-homme fort de Tripoli. En effet, le Premier ministre du Niger, Brigi Rafini, en visite au Burkina Faso, a déclaré mercredi : “Quand le cas va se présenter nous aviserons”, avant de souligner : “Partout on entend des rumeurs de toute sorte (...) C'est vrai qu'on parle de Kadhafi qui serait au Burkina, qui serait au Niger, mais il n'en est rien pour l'instant en tout cas, nous ne l'avons pas accueilli.” Le gouvernement nigérien a réaffirmé que Kadhafi n'était pas en territoire nigérien. En dépit de la situation critique dans laquelle il se trouverait, l'ex-leader libyen a démenti dans la nuit de mercredi à jeudi s'être enfui au Niger dans un nouveau message sonore plein de défi. Toujours menaçant, et ironisant sur les spéculations lancées depuis son entrée en clandestinité avec la chute, le 23 août de son QG à Tripoli, Kadhafi a affirmé : “Il ne leur reste plus que la guerre psychologique et les mensonges. Ils ont dit dernièrement qu'on a vu Kadhafi dans un convoi vers le Niger.” Il a également lancé : “Combien de convois de contrebandiers, de marchandises et de gens entrent dans le désert chaque jour vers le Soudan, le Tchad, le Mali ou l'Algérie ? Comme si c'était la première fois qu'un convoi traverse vers le Niger !”, ajoutant : “Nous sommes prêts à Tripoli et partout à intensifier les attaques contre les rats et les mercenaires, qui sont une bande de chiens.” Ceci étant, la Banque centrale libyenne a indiqué que Kadhafi a vendu plus de 20% des réserves en or du pays lors de ses derniers jours au pouvoir. Sur le terrain, ses derniers bastions sont assiégés par les forces du nouveau régime, avant de l'expiration aujourd'hui de l'ultimatum fixé aux forces pro-Kadhafi pour se rendre à Sebha, Syrte et Bani Walid. Dans leur majorité, les responsables du Conseil national de transition (CNT) se disent persuadés qu'il est toujours en Libye, mais qu'il cherche désespérément à en sortir. Un responsable de l'ethnie Toubou, présente dans la région frontalière, qui a souhaité conserver l'anonymat, estime que Mouammar Kadhafi peut toujours compter sur des soutiens parmi les Touareg, et s'il est toujours en Libye comme il le dit, il pourrait être en train d'attendre l'instant propice à une traversée d'une des frontières. D'après lui, l'itinéraire le plus probable pour aller au Niger serait de passer par la ville de Ghat, à la frontière avec l'Algérie, pour ensuite gagner le Niger via le territoire algérien, la frontière Libye-Niger ne lui étant pas acquise.