Le groupe national, qui domine la production du médicament en Algérie, conclut aujourd'hui un accord avec le laboratoire français Aventis en vue de la fabrication de ce produit sensible. Le projet de production de l'insuline made in Algeria connaîtra aujourd'hui une accélération certaine “signée” par le groupe Saïdal qui semble s'investir pleinement dans cette direction. En effet, c'est avec le groupe Aventis que Saïdal procédera à la conclusion de contrats importants définissant un partenariat commercial et d'assistance technique entre les deux parties. Comme le rappelle le président du groupe algérien, M. Aoun, “ces contrats avec Aventis sont le fruit d'une large consultation qui a duré plus de six mois.” Il précisera également que, dans cet appel public, l'offre du laboratoire américain Lily a été rejetée parce que “les prix proposés étaient trop élevés et risquaient de se répercuter par un renchérissement du produit fini de 5 à 6 fois que les prix actuels de l'insuline”. En clair, l'usine d'insuline, dont le capital est à cent pour cent propriété de Saïdal, sera fournie en matières premières par Aventis pour une durée de cinq années. Il est également prévu par voie contractuelle que ce dernier assure des mesures d'accompagnement rémunérées, portant sur le montage des équipements, le suivi technique et bien entendu la formation. En somme, Saïdal semble définir une stratégie visant à acquérir un plein transfert de “know how” dans ce domaine, en ce sens qu'elle a aussi prévu de faire valider par son partenaire Aventis les 3 premiers lots d'insuline. Ces derniers sortiront de ses unités de production dont les chantiers ont été lancés à Constantine, il y a environ une année. Autre dividende de ce partenariat, les négociations ont également porté sur la maîtrise des coûts de production. “Elle sera donc fabriquée de 2 à 3 pour cent moins chère”, indique M. Aoun, parlant de l'insuline qui sortira des usines Saïdal dont le démarrage est attendu pour mars ou avril 2004, souligne-t-il. Il s'agit d'un investissement de 6 millions d'euros financé par la banque CPA. Quelque 3 millions de flacons d'insuline humaine y seront produits. “Dans un souci de rentabilité, la même ligne sera également mise à contribution afin de produire les injectables destinés au traitement du cancer (oncologie)”, souligne encore M. Aoun. Ce dernier nous apprendra que le groupe Novo Nordisk, qui s'était également porté candidat dans ce marché, a été exclu de la course, car “il a tenté de conditionner son partenariat par la relance d'Aldaph”. Une conditionnalité qui n'a pas été du goût du premier responsable de Saïdal pour qui “on n'accepte pas de concomitance dans les contrats”. S'agissant de l'épisode de partenariat initialement prévu avec Lily pour la production de l'insuline et au terme duquel une vive polémique s'en était suivie, M. Aoun dira : “On a refusé de se plier à la politique du fait accompli.” En rappelant que la partie étrangère voulait contourner les négociations et imposer un contrat préconçu. Le niet de Saïdal s'est manifesté par un refus de recevoir la délégation de Lily qui, nous signale-t-on, était assurée de décrocher le contrat sans aucune forme de contrenégociation. Le pari de Saïdal, qui consiste à “algérianiser” la production de l'insuline, semble, aujourd'hui, toucher au concret, avec en prime, une option de soulagement de près de 2 millions de diabétiques insulino-dépendants. Sans compter la très controversée facture d'importation de l'insuline qui oscille entre les 10 et 15 millions de dollars chaque année. L'importance de l'événement d'aujourd'hui est notamment confirmée par la présence à la cérémonie de signature de ces contrats avec Aventis des ministres de la Santé, de la Solidarité nationale, de l'Industrie et de M. Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA. A. W.