Comme annoncé déjà par Liberté dans une précédente édition, sur la base d'un document du CNT libyen traçant les grandes lignes de la future Constitution, le président de cette instance intérimaire a confirmé lundi à Tripoli que “l'islam serait la principale source de la législation”. Si Kadhafi utilisait l'islam à des fins politiques pour asseoir son pouvoir, à travers ses nombreux prêches dans les mosquées, Moustapha Abdeljalil, le nouvel homme fort de Tripoli, veut diriger la Libye vers une république islamique, même s'il affirme rejeter toute “idéologie extrémiste”. Il a, en effet, annoncé lundi que l'islam serait la principale source de législation dans la nouvelle Libye, soulevant certaines appréhensions à l'image de celle de la Norvège, dont le représentant à l'ONU n'a pas caché ses craintes. “Nous avons reçu des ébauches de la nouvelle Constitution libyenne. Nous comprenons qu'elles sont préliminaires et provisoires, mais elles ne respectent pas les changements modernes selon lesquels la vie politique” ne concerne pas que les hommes, a déclaré l'ambassadeur de Norvège à l'ONU, Morten Wetland. Dans le même ordre d'idées, le conseiller du secrétaire général de l'ONU pour la Libye Ian Martin avait expliqué vendredi dernier qu'il avait fait part de l'inquiétude de l'ONU auprès du CNT tandis que plusieurs pays ont exprimé leurs réserves à propos des versions préliminaires de la future nouvelle Constitution. Devant des milliers de Libyens réunis sur la place des Martyrs à Tripoli, au surlendemain de son arrivée dans la capitale, qu'il visite pour la première fois depuis le début du soulèvement contre le régime de Mouammar Kadhafi le 17 février dernier, Moustapha Abdeljalil a affirmé que “l'islam sera la principale source de la législation” dans la nouvelle Libye, avant d'ajouter : “Nous n'accepterons aucune idéologie extrémiste de droite ou de gauche. Nous sommes un peuple musulman, à l'islam modéré et nous allons rester sur cette voie”. “Vous serez avec nous contre toute personne qui chercherait à voler notre révolution”, a-t-il lancé à l'adresse de l'assistance. “Nous devons instaurer un Etat de droit et de prospérité dans lequel la charia est la principale source réglementaire, ce qui exige de nombreuses conditions”, a-t-il également souligné. Pour rappel, la société libyenne est conservatrice et religieuse, et les islamistes, en particulier les Frères musulmans, qui ont, selon les analystes, une véritable assise populaire, ont joué un rôle de premier plan dans la révolte contre Kadhafi. Par ailleurs, Amnesty International a accusé dans un rapport publié hier l'ancien régime de Mouammar Kadhafi de crimes contre l'humanité, tout en pointant aussi du doigt des abus commis par des combattants proches du Conseil national de transition (CNT), qui pourraient constituer des crimes de guerre. Alors que le conflit n'est pas complètement fini avec Mouammar Kadhafi toujours en fuite et que ses hommes tentant de défendre ses derniers bastions, Amnesty International a dénoncé la tendance du CNT à minimiser les crimes de certains de ses partisans. Des combattants du CNT “ont enlevé, détenu arbitrairement, torturé et tué d'anciens membres des forces de sécurité soupçonnés de loyauté envers Kadhafi, et capturé des soldats et des étrangers soupçonnés à tort d'être des mercenaires”, affirme l'organisation. Entre-temps, Mouammar Kadhafi, toujours combatif, a affirmé n'avoir d'autre choix que de lutter “jusqu'à la victoire”, dans un message lu lundi sur Arraï. Selon le directeur de cette chaîne basée à Damas, Kadhafi n'a pas quitté la Libye.