Et si les usagers d'Air Algérie, otages d'une grève sauvage du personnel qui les a jetés dans le désarroi au cœur du mois de juillet, étaient cette fois-ci les victimes d'une farce ? On se souvient qu'une fois le mouvement social fini, une association s'était constituée à Paris pour défendre les intérêts des clients et leur faire obtenir des indemnisations devant les tribunaux français. C'est en France que les effets de la grève ont été le plus visibles en raison de l'importance de la communauté nationale qui y vit. La chaleur et le Ramadhan n'ont pas découragé les animateurs de l'association qui ont arrosé les journaux de leurs communiqués, intervenant aussi dans les médias communautaires. But : amener le maximum de clients à la rejoindre pour administrer une leçon de droit à la compagnie nationale. En refusant d'indemniser ses clients à la hauteur de leur préjudice, Air Algérie s'est dérobée à ses obligations devant la loi. La compensation “commerciale” proposée est en effet dérisoire. D'où la voie royale ouverte à l'association pour se faire le défenseur des clients. Le point d'orgue de sa mobilisation devait se traduire par un rassemblement aujourd'hui devant le siège de la compagnie, avenue de l'Opéra à Paris. L'action n'aura finalement pas lieu. Un communiqué signé du représentant commercial d'Air Algérie et des deux co-présidents de l'association a annoncé jeudi soir l'annulation de la manifestation qui devait donner de la visibilité au mouvement. Ce projet de manifestation a réveillé les tristes souvenirs du temps où le siège de la compagnie était régulièrement la proie d'une pagaille donnant du pays une image déplorable. Face au risque de résurgence de ces images, les autorités consulaires ont essayé de jouer l'apaisement. Elle ont mené une médiation entre la compagnie et l'association. Elle se traduira par une série de réunions, la première étant prévue aujourd'hui même. Les deux parties se sont même entendues pour “la création d'un cadre de concertation permanent pour répondre objectivement aux attentes des usagers d'Air Algérie”. L'association se dit “encouragée par la bonne volonté et la disponibilité affichées par Air Algérie” et décide donc de “privilégier le dialogue”. Et que pensent de cet accord les usagers qui ont souffert de la grève ? “J'ai l'impression d'être victime d'une mauvaise farce de l'association”, déplore une mère de famille interrogée par Liberté. Elle avait passé deux nuits à l'aéroport avec son bébé dans les bras. Elle n'exclut pas d'aller devant le tribunal à titre individuel.