Dans le cadre du café littéraire initié par l'ambassade d'Autriche à Alger, l'écrivain, professeur et journaliste Amin Zaoui était l'invité de cette rencontre. Jeudi dernier, dans les jardins de l'ambassade, l'écrivain a parlé de son dernier livre La chambre de la vierge impure (éditions Barzakh 2009). Durant cette rencontre conviviale, il est revenu sur l'hypocrisie, la sexualité dans la littérature, tout en évoquant son écriture puisé surtout des sentiments et sa relation avec la langue arabe. Dans ce livre, Amin Zaoui aborde une autre facette du terrorisme, un visage “hypocrite”. “Je voulais montrer cet autre visage du terrorisme en créant un autre imaginaire hormis du sang, de la tuerie et de la barbarie”, a-t-il précisé. En effet, La chambre de la vierge impure relate l'histoire d'un adolescent qui se retrouve au maquis, dans ce milieu sanguinaire, et vit des expériences sexuelles. Ils retrouvent des femmes, décrit ses fantasmes, son amour pour Soltana et il décrit l'homosexualité des femmes. “Je voulais faire un livre de sentiments dans un moment de crise en Algérie”, a-t-il souligné. Le thème de la sexualité revient énormément dans l'ouvrage, entre fantasmes et réalités du jeune homme relatés tout au long du livre. “C'est un regard, une image de ces gens-là, représentant la "morale"”, a-t-il signalé. À travers ces textes, l'auteur décrit cette facette hypocrite tout en mettant ses sentiments. “J'ai écrit l'histoire de l'Algérie contemporaine dans un moment de crise à travers ces sentiments. Pour moi, c'est de la littérature. Un écrivain doit écrire une histoire par les sentiments”, a-t-il souligné. Et d'ajouter : “De dire comment cette personne a vécu sa sexualité au moment des bombardements, c'est de la poésie.” Par ailleurs, il s'est insurgé sur le recul que connaît la littérature arabe dans son écriture sur la sexualité. “La relation humaine a toujours existée chez les Arabo-Musulmans, notamment Abou Nouas, les Mille et Une Nuits. On constate qu'au Ve siècle, ils étaient plus ouverts.” Tandis que, de nos jours, la sexualité dans la littérature dans les pays arabes est devenue un sujet tabou. “Nous vivons dans une société de l'hypocrisie et non pas de la critique. C'est de l'hypocrisie politique et religieuse”, a-t-il confié. Concernant sa relation avec la langue arabe, Amin Zaoui a estimé que chaque personne à sa propre langue. “La langue arabe peut écrire tous les textes, mais maintenant, elle est kidnappée par cette secte politique. Les extrémistes religieux l'ont réappropriée en clamant qu'elle appartient à la religion.” Un écrivain doit s'ouvrir sur plusieurs langues “s'il n'est pas habité par la littérature universelle, il ne pourra pas apporter de changements”, a-t-il jugé. Pour son écriture de ce livre en langue française, l'auteur n'a toujours pas de réponse à cette question mais il estime que pour lui “cela relève de la fascination et du courage d'aborder une autre culture. C'est un livre du corps, charnel d'une langue poétique rimant avec l'arabe”. L'un des derniers débats de cette rencontre s'est porté sur la provocation. “La provoc est d'ajouter quelques chose à son œuvre en excitant le lecteur sur ce qui a été mis.” Parmi les écrivains provocateurs, Amin Zaoui voue de l'admiration pour Kateb Yacine. “C'est un génie. Il touche la rose et la plaie en même temps.”